La Loi sur la neutralité, c’est prévenir l’État de contrôler la pensée

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Source image: Pixabay

Eric Lanthier

Cet article a été initialement publié sur la plateforme francophone du Prince Arthur Herald

En résistant à la pression des laïcistes, le gouvernement a eu le courage de se positionner en faveur de la neutralité de l’État, se gardant ainsi de dicter à ses citoyens ce qui est bienséant de croire.

 

Pour plusieurs, neutralité et laïcité sont interchangeables. Or, il y a un monde entre les deux concepts. Une élue qui résume bien cette différence est Nathalie Roy, la députée de Montarville. Elle distingue clairement les enjeux de chacun: « La neutralité, ça signifie que toutes les religions sont égales et que tout est permis […]. La laïcité, ça signifie que l’État est au-dessus des religions. »

 

Cette définition simple nous montre que le premier choix positionne la religion dans l’espace public, et l’autre confie à l’État de contrôler ce qui est bienséant de croire. Le premier laisse le libre arbitre à chacun de croire et d’adhérer librement aux croyances de son choix, qu’il soit de foi théiste ou athéiste. Quant au dernier, il donne un pouvoir à l’État de dicter ce qui est socialement convenable.

 

Retour vers le futur

On qualifie de grande noirceur l’ère de Duplessis, une époque où l’Église catholique romaine avait la mainmise sur plusieurs institutions. Aujourd’hui, les laïcistes convoitent le même pouvoir : contrôler la pensée et les comportements des citoyens. Ils veulent même mettre à l’index tout ce qui ne correspond pas à leur vision du monde. Pour y parvenir, ils désirent que l’État s’affiche comme laïc, donc au-dessus de toutes les religions, sauf une, l’athéisme. En fait, on revient au même contrôle que dans les années 50. La seule différence, c’est qu’il est exercé par un autre lobby, celui des laïcistes.

 

Trop loin?

Évidemment, la loi sur la neutralité de l’État ne fait pas que des heureux. Le Canada anglais considère que cette loi va trop loin. Pour le ROC, emprunter un livre à la bibliothèque ou prendre l’autobus à visage découvert, c’est aller à l’encontre de la liberté de religion. Bien que ses adhérents soient unanimes à s’opposer à cette loi, le ROC mêle vainement les cartes. Il est clair que la question du visage découvert n’est pas une question religieuse mais bel et bien une question de communication, d’identité et de sécurité. Ainsi, le niqab ou la burka doivent être restreints au même titre qu’un masque ou qu’une cagoule. Confronté à une opposition de tout le Canada anglais, le Québec a manifesté une fois de plus qu’il est un représentant d’une culture unique.

 

Pas assez loin

De leur côté, les laïcistes croient que cette loi ratisse trop large parce qu’elle donne très peu de pouvoir à l’État pour régir et réglementer ce qui est bien ou mal en matière de religion. Ils voudraient que le Québec, non seulement se désincarne de son patrimoine, mais qu’il s’immunise également contre tout ce qui lui rappelle la transcendance. Même s’ils se disent tolérants à l’égard des agnostiques, les laïcistes n’acceptent comme courant religieux que l’athéisme. Par ailleurs, ils s’offusquent que le gouvernement ne se soit pas rallié à leur vision du monde, la laïcité de l’État. Si le gouvernement s’était plié aux demandes des laïcistes, l’État se serait positionné au-dessus des religions de foi théiste. Cette manœuvre aurait non seulement eu pour objet l’aliénation du Québec de son histoire et de son identité, elle aurait conféré à l’État le pouvoir de dicter à ses sujets ce qui est acceptable de croire et de promouvoir.

 

Juste

Le projet de loi sur la neutralité est, à mon avis, assez juste. Il reconnaît le patrimoine culturel religieux comme faisant partie de l’histoire du Québec et il donne aux citoyens la liberté nécessaire de s’identifier à leurs croyances religieuses. D’une part, opter pour la laïcité de l’État donnerait au gouvernement une suprématie sur les communautés de foi théiste. D’autre part, opter pour un multiculturalisme trahirait notre patrimoine et notre histoire. En les protégeant, ainsi que les libertés individuelles, les symboles religieux et les accommodements raisonnables, le gouvernement exprime sa neutralité face au phénomène religieux. Il ne se montre ni en faveur de la foi théiste ni en faveur de la foi athéiste. Il protège alors notre héritage, et il laisse les communautés et les individus libres. C’est dans ce genre de Québec libre que je veux vivre. C’est ce Québec libre que je veux léguer à mes enfants et à mes petits-enfants.

 

Un accord de gros bon sens

Qu’on craigne que cette loi brime certains individus ou qu’on s’offusque qu’elle ne soit pas suffisamment musclée, il n’en demeure pas moins que la Loi sur la neutralité ne remet pas en cause la liberté de religion. Tout ce que l’État impose, c’est le gros bon sens, assurer une visibilité du visage par souci de communication, d’identité et de sécurité. Il me semble qu’il s’agit là d’un accommodement plus que raisonnable.

 

Vive le Québec libre

En résistant aux laïcistes qui ne pensent qu’à restreindre les libertés et aux multiculturalistes purs et durs qui passent à côté de la vue d’ensemble, notre gouvernement a manifesté qu’il se souciait des libertés fondamentales des Québécois. Le courage du gouvernement actuel montre qu’un Québec libre est un Québec neutre et respectueux de tous : de nos prédécesseurs, de notre patrimoine, de notre histoire, de nos racines, de la diversité ainsi que des communautés et des individus qui composent cette société distincte. Être libre de croire et de vivre sur la base de nos croyances est le plus bel héritage que la nation québécoise puisse léguer à ses concitoyens. En vérité, c’est l’essence même d’un Québec libre. La loi 62 prévient le contrôle de la pensée par l’État et nous garde de retourner à une période de grande noirceur.

Vive le Québec réellement libre!

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