La saga Harder dévoile un premier ministre en contradiction avec ses valeurs

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Source photohttp://www.rachaelharder.ca/

Cet article a été initialement publié sur les pages du Prince Arthur Herald

Éric Lanthier

 

La saga Harder a fait la preuve une fois de plus que Justin Trudeau nage en pleine contradiction avec ses propres valeurs, la collaboration renouvelée, l’intérêt public, l’inclusion, les forces rassembleuses et le respect des différences culturelles.

 

La nomination de Rachael Harder a fait réagir le premier ministre (PM) du Canada. Pour lui, une députée qui s’oppose aux interruptions volontaires de grossesse ne peut pas présider le Comité permanent de la condition féminine. Par son refus, le PM prive les militants de Pro-Vie de leur droit de parole au sein d’une démocratie, ce qui est contraire aux valeurs qu’il privilégie lui-même au ministère de la condition féminine.

 

Un devoir de cohérence

Effectivement, dans sa lettre envoyée à la ministre de la condition féminine, le premier ministre a insisté sur les valeurs qui doivent caractériser la ministre en poste ainsi que son ministère. Si Justin Trudeau veut convaincre ses électeurs qu’il est digne de demeurer à la tête de notre pays en 2019, un exercice de cohérence semble incontournable.

 

Les différences culturelles

Dans cette lettre mentionnée ci-haut, le PM demande à sa ministre de la condition féminine de manifester du respect à l’égard des différences culturelles. Son refus de voir madame Harder occuper le poste de présidente du Comité permanent de la condition féminine aux Communes témoigne plutôt de son manque personnel d’ouverture aux différences. J’ai toujours cru que Justin Trudeau était un homme ouvert d’esprit, qui ne faisait pas de différence entre les ethnies ou les diverses convictions religieuses. Il n’a pourtant pas hésité à inclure un sikh à la table des ministres; il ne s’est pas retenu de parler à une foule islamique dans une mosquée; sans aucune gêne, il a participé à différentes parades de la fierté LGBT[1]. Étonnamment, le fils de l’instigateur de la Charte des droits et libertés se montre réfractaire au fait qu’une députée puisse avoir des convictions personnelles différentes des siennes.

 

Une collaboration renouvelée

Se vantant de pouvoir faire mieux que son prédécesseur, Justin Trudeau se veut le défenseur de la collaboration renouvelée. Il demande à sa ministre de la condition féminine d’entreprendre une étroite collaboration avec ses collègues et de s’engager d’une façon plus significative envers les députés de l’opposition. Or, la saga Harder illustre tout le contraire. Même en sachant qu’en tant que présidente, madame Harder n’aurait pas le droit de présenter des motions et de voter sur celles-ci, Justin Trudeau montre qu’il fait de la condition de la femme un enjeu partisan. S’il veut justifier qu’il est le chef de file en matière de collaboration, notre premier ministre devrait regarder au potentiel de madame Harder plutôt qu’à ses convictions personnelles.

 

L’inclusion

Autant M. Trudeau encourage sa ministre de la condition féminine à faire preuve d’inclusion, autant ses propres actions témoignent de sa fermeture d’esprit face aux idées contraires aux siennes. S’il était sincère, le premier ministre Trudeau aurait pu exprimer qu’il ne partageait pas le même point de vue que madame Rachael Harder mais que son sens de l’inclusion le poussait à accepter sa candidature. Ainsi, il aurait eu l’occasion de montrer qu’il est le premier ministre de toutes les Canadiennes.

 

Reconnaître ses erreurs

Justin Trudeau a indiqué dans sa lettre à la ministre de la condition féminine que si son gouvernement faisait des erreurs, celles-ci devaient être reconnues sur-le-champ. Le PM a donc une occasion en or de prouver sa bonne foi. Si le premier ministre reconnaissait qu’il est allé trop loin, les Canadiens auraient une belle occasion d’être témoins de ses nobles intentions. À défaut de quoi, devra-t-il demander aux membres de son caucus qui sont d’allégeance Pro-vie, tel que John McKay, de quitter les rangs du Parti libéral du Canada? Cohérence oblige… Or, avec Justin Trudeau, on n’est pas à une contradiction près.

 

Les forces rassembleuses

Si Justin Trudeau recherchait l’intérêt du peuple, il manifesterait un esprit rassembleur. Vu son incapacité à le faire, il lance, au contraire, le signal qu’il ne peut pas œuvrer avec tous ceux qui recherchent le bien de toutes les Canadiennes. Encore une fois, notre premier ministre passe à côté de ses propres valeurs.

 

La règle d’or

La règle d’or qui dit de faire soi-même ce qu’on demande aux autres de faire ne semble pas être toujours suivie par notre premier ministre. Il est malheureux de voir dans l’attitude du premier ministre Trudeau qu’il n’est lui-même pas véritablement en mesure de rencontrer les valeurs qu’il impose à sa ministre. Notre Premier ministre passe à côté de la règle d’or, il oublie de traiter les autres comme il voudrait que sa ministre les traite.

 

Un dilemme moral

Madame Harder s’est retrouvée devant un dilemme moral : avoir la liberté de s’attacher à ses valeurs ou de jouer au caméléon pour obtenir l’approbation du premier ministre. Sachant que Justin Trudeau n’est pas un vrai démocrate, elle avait à choisir entre ses convictions et ses ambitions. Au grand dam de la rectitude politique, elle a courageusement choisi ses convictions.

 

Un progrès démocratique

Peut-être que ses convictions ne rejoignent pas celles de la majorité, mais elle a le mérite de les assumer. Si toutes les femmes associées à des minorités avaient garder le silence, elles n’auraient jamais obtenu le respect intégral de leur personne. Entre vous et moi, c’est grâce à des femmes comme Rachael Harper que la condition féminine progresse dans notre démocratie.

[1] Lobby en faveur des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels

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