Les états généraux sur la santé attendus de pied ferme

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Photo: Assemblée nationale du Québec

Cet article a été publié initialement sur la plateforme francophone du Prince Arthur Herald

Le premier parti politique qui proposera l’établissement d’états généraux sur la santé montrera aux Québécois que la santé est une valeur fondamentale de notre société.

Récemment, des infirmières témoignaient qu’elles étaient à bout de souffle. En même temps, le gouvernement est sur le point de concocter une entente avec les médecins spécialistes du Québec, susceptible de dépasser les 5 milliards de dollars.

Ainsi, des personnes âgées souffrent de maltraitance, des infirmières sont à bout de souffle, des malades doivent se rendre à Cuba pour se faire soigner, sans compter qu’à l’hôpital de Hull, pour ne citer que cet exemple, les patients doivent attendre trois années pour enfin être suivis par un médecin spécialiste en apnée du sommeil. En fait, cela n’est que la pointe de l’iceberg.

Comme le disait feu Jean-Guy Moreau : « Notre système de santé est malade ». Pour le remettre sur pied et lui permettre de reprendre de la vélocité sans avoir recours à une chaise roulante, nous avons besoin d’un gouvernement qui établira des états généraux.

Les états généraux étaient, avant la Révolution française, en 1789, des rassemblements d’intérêt public qui impliquaient des représentants du clergé, de la noblesse et du tiers état, celui-ci étant composé de paysans, d’ouvriers et de bourgeois. Ils étaient des contribuables du régime qui avait précédé la Révolution. La monarchie consultait ces trois groupes dans le seul but de faire bonne figure. Elle voulait faire montre d’une légitimité d’esprit apparente lorsque venait le temps de prendre des décisions. Évidemment, même si, technologiquement, les sociétés occidentales ont évolué depuis 1789, nous sommes à même de constater que plus ça change, plus c’est pareil.

Aujourd’hui, le concept d’états généraux fait référence à des consultations qui visent l’intérêt public vis-à-vis une sphère d’activités ou un service. Au Québec, nous en avons eu sur l’éducation, en 1995-1996. Aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, il est temps d’en avoir sur les services de santé. Pendant que le Burkina Faso en ont eu sur la question des hôpitaux publics et que le canton du Jura en Suisse en a mis sur pied pour traiter de la question de la santé, le Québec, quant à lui, n’arrive même pas à améliorer l’efficacité de son système de santé.

Nous avons besoin de réunir non seulement des personnes qui travaillent sur le terrain mais également des patients ainsi que des chercheurs universitaires qui se sont penchés sur l’amélioration des services directs aux patients, et ce, à partir de l’accueil jusqu’à la salle de chirurgie.

Ici, il ne s’agit pas de remettre en question la qualité du travail du personnel de la santé. Beaucoup d’entre nous avons été témoins du travail consciencieux de la plupart des employés de la santé, soucieux de donner le meilleur d’eux-mêmes. Non, le but de ces consultations serait de trouver les meilleurs moyens — à moindres coûts — qui pourraient faciliter l’accès aux services de santé tout en allégeant le fardeau des employés auprès des patients.

Par exemple, un patient qui détient un papier de son médecin de famille ou d’un clinicien pour un service offert uniquement en centre hospitalier pourrait s’y rendre directement plutôt que de passer par le présent système de tri qui valide la pertinence du service. Je crois qu’il serait tout à fait possible, par des modifications quelconques, d’éliminer certaines étapes qui ne font que ralentir le parcours du patient.

Plusieurs solutions basées sur le choix de pratiques ailleurs au Canada ou dans d’autres pays mériteraient d’être considérées lors d’états généraux, car elles pourraient contribuer à faire de notre système de santé un des meilleurs au monde. J’ai le privilège de vivre à la frontière de l’Ontario. Lorsque je sollicite un service de santé dans la région de l’Outaouais ou dans la région métropolitaine, je dois attendre entre trois et quatre heures. Or, en Ontario, pour un service équivalent, j’attends entre 30 et 55 minutes. Certainement, quelques idées d’ailleurs nous aideraient à accélérer plusieurs de nos services sans en amoindrir la qualité. Il en est de même pour la santé que pour les véhicules automobiles. Ils sont de plus en plus performants et polluent moins que les voitures des années 1970.

Je suis convaincu que si toutes les personnes concernées par l’amélioration de la qualité des services et de leur rapidité étaient réunies autour d’une même table, le système de santé québécois ne serait plus le même. C’est pour cette raison que nous avons besoin de voir, à l’aube des élections provinciales, un parti politique se lever et annoncer qu’il tiendra, dès le début de son mandat, des états généraux sur les services de santé.

En mettant sur pied ce type de consultations, ce sont tous les Québécois qui bénéficieront de l’expertise de tous ces spécialistes. Advenant le cas que le parti au pouvoir n’arrive pas à mettre en place les recommandations issues de ces consultations, la population saura pourquoi il est temps de changer de gouvernement. Une chose est certaine. Lorsque des états généraux sont tenus pour le bien commun, c’est tout le Québec qui gagne… C’est pourquoi nous les attendons de pied ferme.

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