Les identitaires et le déclin de la fierté québécoise

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Éric Lanthier

Source image: Flickr

Ce texte a été publié initialement sur la plateforme du Huffington Post Québec

Aussi étrange que cela puisse paraître, la majorité des identitaires s’acharnent à distancer les Québécois de leur patrimoine. Ainsi, ils contribuent à l’édification d’une nation occidentale et ne réalisent pas qu’ils sont les artisans du déclin de la fierté québécoise.

Une majorité de soi-disant identitaires ne font qu’éloigner les Québécois de leur patrimoine. Ils militent en faveur de la fête nationale et non de la Saint-Jean-Baptiste (1); ils ne veulent pas qu’à l’école, nos enfants apprennent les chants traditionnels de Noël; ils s’opposent à ce que des crèches aient pignon sur rue sur les perrons des hôtels de ville; ils choisissent de nommer le sapin de Noël, le sapin des Fêtes; ils refusent que nous nous souhaitions Joyeux Noël; ils ne revendiquent aucune célébration associée de près ou de loin à notre patrimoine; ils désirent enlever les crucifix des murs de nos hôpitaux ainsi qu’à l’Assemblée nationale; ils ne font jamais la promotion du harfang des neiges, ni de la cabane à sucre, ni du sirop d’érable et encore moins de la poutine ou du hockey, tout au plus, seulement quelques publications médiatiques en font mention.

Distancer pour occidentaliser
En fait, les identitaires cherchent à laïciser le Québec pour le déposséder de son patrimoine. En nous dépouillant de nos valeurs propres, ils nous occidentalisent. Le discours identitaire nous coupe de nos racines. Il veut nous faire oublier le courage de Jacques Cartier, la ténacité de Pierre Chauvin et de bien d’autres héros québécois. Le but du discours identitaire est de faire du Québécois moyen un occidental de langue française. Il ne défend pas une identité, il fait la promotion d’une idéologie, celle de l’occidentalisme. En effet, les revendications des identitaires sont claires, elles ont été révélées dans la Charte des valeurs (2). En fait, elles visent l’instauration d’une république désincarnée. Ainsi, comme au sein de toute nation occidentale contemporaine, les identitaires du Québec font la promotion des mêmes valeurs que partout dans la Francophonie : l’égalité homme-femme, les droits du lobby LGBT (3) et les valeurs laïcistes. Or, la France, la Grande-Bretagne, les État-Unis et plusieurs autres pays comptent dans leurs rangs des hommes et des femmes qui défendent ces mêmes valeurs. Celles-ci ne sont pas à proprement parler des valeurs québécoises, elles sont plutôt des valeurs occidentales. Par conséquent, nos identitaires contribuent non seulement à nous distancer de notre patrimoine, ils concourent au déclin de notre fierté en tant que Québécois.

Le déclin de la fierté
Plus les identitaires mettront de l’avant le laïcisme comme idéologie au service de la neutralité, plus ils amenuiseront le sentiment de fierté qui unit une majorité de Québécois. La population de notre belle province n’est pas intéressée à l’indépendance nationale parce qu’elle perd de plus en plus ce qui la distingue des autres peuples et ce qui forme son identité. Plus le Québec ressemblera à n’importe quelle autre nation occidentale, moins il sera fier de son identité. Si les seuls dénominateurs communs qui unissent les Québécois se bornent à la langue et aux valeurs occidentales, nous ne sommes plus une nation distincte; non, nous devenons seulement une entité occidentale pareille à toutes les autres, une province canadienne qui n’a rien d’unique. Or, ce qui fait la fierté d’un peuple, c’est sa distinction, sa culture propre, issue de son patrimoine. Les Hollandais sont fiers de leurs sabots en bois, les New Yorkais, de leurs taxis jaunes, les Américains, de leur drapeau, mais les Québécois ne sont plus fiers de rien qui leur appartient. Il ne lui reste que les valeurs de la culture occidentale.

Pas de fierté sans patrimoine
Le patrimoine n’est pas quelque chose qu’on impose, il est un ensemble de valeurs que l’on reconnaît et que l’on accepte d’emblée. Pour apprécier notre patrimoine, nous avons tout simplement besoin d’un gouvernement qui le met en valeur. Il n’est pas étonnant que les Québécois ne soient pas fiers de leur nation, aucun parti souverainiste ne valorise haut et clair leur patrimoine. Comment une nation peut-elle affirmer son identité si les représentants du peuple ne sont même pas fiers de leurs origines, ni de leur histoire ni de leur patrimoine?

Oublier pour se couper
Les identitaires ne regardent qu’en avant, oubliant le passé, comme si tout le bonheur collectif des Québécois se trouverait uniquement dans le futur, lorsque leur nation sera enfin un pays culturellement occidental. Et pourtant, dans l’oubli de notre histoire, nous nous coupons de ce qui fait notre fierté, c’est-à-dire de notre patrimoine. Évidemment, les Québécois ne voient plus l’importance de s’autodéterminer, alors, ils s’occidentalisent.

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1. L’article mentionne que l’appellation Fête nationale fait partie d’un processus de sécularisation: « Ce passage du religieux au séculier s’entame dès les années 1960 »; voir: Le défilé de la Saint-Jean-Baptiste, de la tradition aux revendications repéré à http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1041267/saint-jean-baptiste-origines-histoire-religion-archives

2. « Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement » repéré à :

3. LGBT fait référence à la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre.

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