Les identitaires, porteurs d’une vision plus occidentale que québécoise

0
603

Source image: Flickr

Par Éric Lanthier

Cet article a été publié initialement sur la plateforme francophone du Prince Arthur Herald.

Les identitaires sont ces intellectuels qui s’opposent au multiculturalisme sous prétexte qu’il menace l’identité des Québécois de souche. Or, lorsque les identitaires parlent de leur nation, ils ne défendent pas les valeurs québécoises, ils font la promotion des valeurs occidentales.

 

Très rarement – pour ne pas dire jamais –, les identitaires se portent à la défense des valeurs québécoises. J’admets que certaines de leurs valeurs sont importantes, mais je tiens à dire qu’ils nous font croire en leur bataille pour protéger notre propre identité, alors qu’ils ne font que la promotion des valeurs occidentales. Leur discours n’est qu’un simple écho de ce qu’on pourrait entendre en France, en Grande-Bretagne ou même aux États-Unis. Il n’a rien d’original.

 

Les identitaires défendent haut et fort quatre grands principes et parfois un cinquième, en sourdine. En effet, ils défendent avec virulence, en ordre décroissant, l’indépendance du Québec, la primauté de sa langue officielle, la laïcité de l’État et l’égalité homme-femme. En sourdine, les identitaires appuient fortement les revendications des groupes LGBT[1], culture oblige.

 

Pareillement, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, on pourrait réciter ce même discours, et chacun se prévaudrait d’un mouvement identitaire. Les intellectuels de ces nations occidentales, à l’appui des mêmes textes et des mêmes arguments, diraient qu’ils sont les porte-parole d’un mouvement identitaire.

 

À l’exception de Mathieu Bock-Côté et de Gilles Proulx, aucun identitaire ne déchirerait sa chemise pour sauvegarder le patrimoine québécois. Aucun d’entre eux n’oserait se battre pour permettre aux hôtels de ville d’installer une crèche sur leur perron ni ne tenterait de protéger les célébrations de Noël, de Pâques ou de l’Action de grâces, ni les symboles comme la croix, la crèche, le harfang des neiges ou les cantiques traditionnels de Noël.

 

Ni la charte des valeurs de Bernard Drainville ni les porte-parole du mouvement identitaire ne se battent pour promouvoir les remparts de notre identité culturelle. Nous ne les entendons jamais parler des cabanes à sucre, ni du sirop d’érable ni de la poutine ni du hockey, et j’en passe, qui font partie de notre identité nationale. Non, ce ne sont pas ces éléments identitaires qu’ils défendent, ce sont les valeurs occidentales, celles qui sont communes à toute l’Amérique du Nord et à l’Europe.

 

En s’opposant au multiculturalisme, ils jouent le jeu des laïcistes, qui désirent un Québec désincarné. Pourtant, les communautés issues de l’immigration s’adaptent mieux à notre patrimoine que les laïcistes. La preuve, ceux qui revendiquent le retrait du crucifix à l’Assemblée nationale ne sont pas les communautés culturelles, ce sont principalement les identitaires et particulièrement ceux de foi laïciste.

 

En vérité, les identitaires veulent faire du Québec un pays européen en Amérique. Il n’est pas étonnant que le Québec s’identifie de moins en moins à leurs revendications. Pourquoi? Parce qu’ils ne mettent tout simplement pas en valeur notre patrimoine. Au bout du compte, au lieu de rallier les communautés ethniques à l’honneur de notre patrimoine, ils les incitent au vote d’un parti multiculturaliste.

 

Enfin, au moyen de la promotion des valeurs occidentales, les identitaires ont donc développé en toute innocence l’art de se tirer dans le pied. En négligeant ce qui nous relie avec notre histoire et notre patrimoine, ils voient le Québec comme une nation occidentale et non comme une société distincte ni comme un peuple disctinct…

_________________________________ 

[1] Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here