Pour un ordre professionnel autonome des enseignants au Québec

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Eric Lanthier

Source photo: Freepik

Cet article a été publié sur la page francophone du Prince Arthur Herald

 

Nous avons besoin, au Québec, d’un ordre professionnel des enseignants pour mettre en valeur la profession et surtout pour qu’elle soit régie par des professionnels.

 

Il est temps d’avoir dans notre système d’éducation deux entités : une qui prend la défense des enseignants devant leur employeur et une autre qui assure à sa clientèle une formation de qualité supérieure. À défaut de quoi, nous continuerons à être confrontés à une bataille en faveur des conditions de travail des enseignants et à délaisser la qualité de la formation offerte aux élèves et étudiants.  Étant présentement dépourvu de cet ordre, peu de moyens ont été mis en place pour garantir à sa clientèle des services éducationnels qui répondent aux critères professionnels de cette vocation.

 

Même les opposants à cet ordre sont conscients que le système scolaire québécois comporte des vices que le syndicat n’arrive pas à éradiquer. Citons comme exemple le maintien en poste des enseignants non compétents. Germain Belzile de l’Institut économique de Montréal déplorait en 2017 que, sur cinq années, seulement sept enseignants permanents sur 58 000 ont été congédiés pour cause d’incompétence. S’il est difficile ou peu fréquent, en ce moment, de congédier un enseignant, c’est que les incompétents sont protégés par les centrales syndicales. Au Québec, nous devrions nous attendre à ce qu’un tel ordre professionnel se soucie de contrer cette aberration en faisant le ménage au sein de ses membres et en encadrant ceux qui ont besoin d’améliorer leur pratique pédagogique. Puisqu’aucun mécanisme ne garantit l’actualisation des compétences des enseignants et qu’aucune conséquence n’est prévue pour ceux qui ne s’inscrivent pas à des formations d’appoint, on conférerait à ce nouvel ordre la mission de régir des standards reliés à la profession et à ses applications.

 

Si une majorité d’enseignants n’est pas très favorable à s’y investir, c’est certainement parce que les syndicats ne militent pas en faveur d’un tel ordre. Aussi étrange que cela puisse paraître, ces derniers admettent que les ordres professionnels servent d’abord à assurer la protection du public. Contrairement aux syndicats, le Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec (CPIQ), pour sa part, manifestait en faveur d’un tel ordre. Voilà deux camps qui s’opposent, et nous voyons bien lequel se préoccupe ultimement du bien de l’élève.

 

Catherine Dubé renchérit le point de vue du deuxième groupe en affirmant qu’il existe une corrélation entre la compétence des enseignants et les résultats scolaires des élèves. Effectivement, la vocation d’un ordre professionnel des enseignants se baserait sur le fait que tous les enseignants ne sont pas également compétents et que tous ne sont pas également qualifiés pour cette tâche. En d’autres mots, ce constat de base amènerait l’ordre à garantir une meilleure qualité de l’enseignement en donnant la priorité à ceux qui se démarquent et il délogerait ainsi du système scolaire les effets du syndrome de l’égalitarisme qui empoisonne le système. Ainsi donc, les élèves bénéficieraient indubitablement du fait que cet ordre s’investirait à l’édification d’enseignants compétents et performants.

 

Concrètement, si un tel ordre assurait un contrôle plus serré de l’admission à la profession, une évaluation individuelle périodique des enseignants et un traitement plus efficient des plaintes, le système scolaire s’en porterait mieux. De plus, cette nouvelle façon de faire impliquerait un partenariat plus étendu avec les universités et les centres de perfectionnement.

 

Un ordre professionnel des enseignants améliorerait l’encadrement pédagogique et répondrait mieux aux critères de la Déclaration des droits de l’enfant. Il contribuerait à un meilleur service rendu à chaque élève.

 

Si l’Ontario, la Colombie-Britannique, la Californie, l’Angleterre, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont mis sur pied un tel ordre, pourquoi le Québec n’emboîterait-il pas le pas? Servons-nous des obstacles que ces États ont surmontés pour faire de notre ordre un modèle parmi les nations. C’est peut-être, pour l’IEDM un risque, mais il me semble qu’il s’agit là d’un beau risque.

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