Regagner la confiance des électeurs par l’indice d’engagement

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Image: Pixabay

Cet article a été publié initialement sur la plateforme francophone du Prince Arthur Herald

À une époque où le cynisme à l’égard de la classe politique ne va pas en s’améliorant, nous devrions exiger que l’indice d’engagement de chaque député figure sur toutes les affiches électorales du Québec.

 

Le dernier sondage Ipsos-La Presse nous dévoile, une fois de plus, que les électeurs n’ont pas confiance en leurs élus. Nous devons alors trouver des moyens qui rehausseraient cette confiance au sein de la population. Pour y parvenir, nous avons besoin d’outils qui responsabiliseraient à la fois les élus, les médias et la population. L’un de ces outils serait l’indice d’engagement (IE).

 

L’IE est le pourcentage de réalisation des promesses émises par un élu. Par exemple, chaque fois qu’un chef de parti proposerait publiquement d’investir des sommes dans tels ou tels autres domaines, d’effectuer un changement quelconque ou de déposer une nouvelle loi, le compteur de ses promesses augmenterait. Si à la fin de la campagne, il était élu avec 30 promesses à accomplir, son pourcentage d’efficacité à répondre pleinement à ses engagements devrait être affiché à côté de son nom lors de la prochaine élection. Si, sur ses 30 promesses, il n’en a accompli que 12, son IE serait de 0,4.

 

Les effets collatéraux

Pour que l’IE du député soit évalué, chaque formation politique devrait afficher sur son site tous les engagements de chacun de ses candidats. Les journalistes sur le terrain seraient alors plus vigilants et deviendraient de meilleurs chiens de garde de notre système démocratique. Par ailleurs, chaque engagement non inscrit amènerait une perte de 10 points sur l’indice d’IE du candidat pris en faute.

 

Les avantages d’une telle cote

Les bénéfices de cette cote sont abondants. Effectivement, elle oblige les audacieux à réduire leur taux de promesses irréalisables, elle amène les médias à se concentrer sur les promesses faites aux électeurs, elle responsabilise les députés et pousse l’électeur à voter en fonction des résultats et non seulement sur la base d’une marque de commerce politique. Si un député obtenait une baisse d’IE à la fin de son mandat, son chef pourrait exiger sa démission. Les aspirants seraient donc poussés à se consacrer davantage aux intérêts réels de leurs concitoyens.

 

Pour le nouveau candidat

Les nouveaux candidats bénéficieraient d’une fiche sans cote, et la mention « Nouveau » serait inscrite à la place de ladite cote. Ainsi, ils auraient quatre années pour faire leurs preuves. Par contre, leurs opposants pourraient leur rappeler si leur prédécesseur aura été à la hauteur ou non des attentes des électeurs. Ainsi, les débats ne porteraient plus uniquement sur les idées mais également sur les résultats.

 

Pas de surprise

Si une loi déposée en cours de mandat n’avait pas fait l’objet d’une promesse préétablie, une procédure devrait être mise en vigueur pour ne pas affecter la cote des députés de ce parti. Les députés pourraient s’abstenir de voter ou voter contre, le parti au pouvoir récolterait plus de 50 % d’appui de la part de l’opposition ou il déclencherait un référendum sur la question. Cette stratégie éviterait que l’on passe des lois qui ne figurent pas dans les engagements électoraux. Évidemment, s’il s’agit d’un projet de loi qui touche un enjeu de sécurité ou répond à un état d’urgence, ces restrictions ne s’appliqueraient pas.

 

Les députés de l’opposition

Fait important à noter, les députés de l’opposition auraient un avantage sur ceux qui sont au pouvoir. Ils disposeraient d’un mois après leur assermentation pour modifier leur registre d’engagements. La raison est simple, le parti au pouvoir ferait tout pour bloquer des initiatives de l’opposition simplement pour faire baisser la cote d’IE de leurs adversaires. Ainsi, un élu de l’opposition pourrait réviser ses engagements sans toutefois avoir le droit de laisser un registre sans engagements. De cette façon, chaque député serait responsable de ses promesses.

 

Reprendre confiance

Que l’on soit d’accord avec le moyen ou non, le sondage Ipsos-La Presse publié récemment nous a rappelé que la population a besoin de retrouver ce lien de confiance envers ses élus. Dans une démocratie, les élus doivent obtenir non seulement l’appui aux urnes mais également la confiance de la part de leurs concitoyens. Plus il y aura d’idées débattues pour rendre nos élus redevables, plus les possibilités de changement augmenteront. L’important est que les électeurs en sortent gagnants.

 

L’IE est un moyen pour regagner la confiance d’une population cynique, sceptique mais intéressée à voir un Québec mieux équipé à faire face aux défis du 21e siècle. À défaut de quoi, les électeurs décrocheront toujours davantage. Ainsi, les députés représenteront de moins en moins d’électeurs, ce qui fragilisera de plus en plus notre démocratie. Donnons-nous donc des moyens pour la dynamiser, l’IE en est un, et plus il y en aura, plus notre démocratie s’en portera mieux.

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