Renouveler la tâche des enseignants, c’est investir dans l’avenir

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par Éric Lanthier, animateur du Tour d’horizon sur les ondes du 92,7FM

Source image: Freepik

Ce texte a été initialement publié sur la plateforme du Huffington Post Québec

Deux recherches ont confirmé que la motivation des enseignants avait un impact sur les élèves. Ainsi, l’amélioration de leurs conditions de travail est primordiale au succès de la génération qui nous suit.

Je sais de quoi je parle, j’ai été moi-même un enseignant, un conseiller de tâches, un formateur d’enseignants et un directeur d’école. J’ai cessé mon implication en milieu scolaire par souci pour les élèves, car lorsque l’enthousiasme du prof s’évanouit, celle des élèves s’efface tout autant. La corrélation entre ces deux faits a été confirmée par deux études : une réalisée auprès d’élèves du primaire et une autre effectuée auprès d’élèves du secondaire.

Rehausser la valeur des enseignants

Les enseignants ne quittent pas la profession pour des raisons salariales. Non, ils la quittent parce que l’énergie qu’ils déploient n’apporte pas les résultats escomptés. Ils doivent enseigner au milieu d’un grand nombre de contraintes très exigeantes : troubles d’apprentissage, déficits d’attention, opposition de la part des élèves, pression des parents, manque de ressources, et j’en passe… En d’autres mots, ils ont besoin que le ministre exige l’acheminement des ressources vers les services directs et non vers les structures. En voyant le Ministère qui n’investit pas dans cette direction, les enseignants sentent qu’on les tient pour acquis. Pour beaucoup, leur rôle se limite, bien malgré eux, à persévérer jusqu’à la retraite.

Ce que les enseignants ont besoin, c’est d’être valorisés d’une façon concrète. Pour ce faire, le ministre doit veiller sur eux. Il doit leur offrir un milieu où ils auraient le temps de suivre davantage leurs élèves et de mieux les encadrer. Par conséquent, le ministre de l’Éducation du Québec se trouve dans l’obligation de modifier la répartition des responsabilités de ses enseignants.

Améliorer les conditions de travail des enseignants
Premièrement, le ministre a intérêt à réduire progressivement le temps d’enseignement de son personnel. Deuxièmement, ce temps récupéré pourrait être investi par les enseignants dans la recherche et la planification d’un meilleur encadrement de leurs élèves, dans l’élaboration de stratégies pédagogiques et de mesures qui viseraient à améliorer leurs capacités d’apprentissage. Troisièmement, ces périodes libres de tout enseignement devraient viser l’amélioration de l’environnement éducatif et relationnel en classe.

Plus la tâche d’enseignement serait aérée, plus elle serait agréable à assumer. Dans cette proposition, il ne s’agit pas de permettre aux enseignants de partir plus tôt ou d’entrer plus tard. Non, il s’agit ici de repenser la tâche d’enseignement pour qu’ils puissent tirer profit de ce temps à part dans leur plage horaire pour investir dans l’encadrement des élèves.

Un changement de vision
Au lieu de toujours mieux rémunérer les enseignants, si on réduisait leur présence en classe pour qu’ils investissent davantage sur le travail en équipe et l’encadrement de leurs élèves, les enseignants se sentiraient moins seuls et mieux équipés face aux énormes défis qu’ils doivent relever chaque jour. Ainsi, leur permettre de miser davantage sur le développement de leurs élèves aurait un impact bénéfique autant chez les uns que chez les autres.

Des économies d’échelle
Pour opérer cet allègement de l’horaire des enseignants en classe, le Québec a besoin d’un ministre courageux qui osera réduire le nombre de commissions scolaires pour n’en avoir que 21* au total. Les économies d’échelle liées à cette restructuration permettraient aux écoles de jouir d’une plus grande marge de manœuvre financière, dans la mesure où ces économies seraient réinjectées dans les services directs aux élèves.

Un choix courageux
Pour rehausser la motivation des enseignants, le ministre n’a pas besoin de leur donner plus d’argent. Il n’a qu’à mettre en place un environnement où ils pourraient exercer leur profession avec enthousiasme. Pour y parvenir, ils ont besoin qu’on leur accorde du temps afin qu’ils puissent se servir des outils qu’ils ont à leur disposition pour stimuler et motiver les élèves à apprendre. Si le ministre opte pour cette suggestion, il devra mettre en place une équipe de chercheurs et de professionnels de l’éducation compétents. Cette équipe aurait un objectif en tête : ranimer l’enthousiasme dans les salles de classe. Pour atteindre ce but, un ministre courageux saurait faire des choix judicieux, et son courage serait récompensé par la future génération qui serait mieux équipée pour faire face aux défis qui les attendent. Ce ministre ne rechercherait pas une gratification à court terme, mais plutôt le bien de la génération qui nous suit. Son audace serait une grande source de motivation pour les enseignants ainsi que pour les apprenants.

Il n’y a pas de recette miracle, c’est par des choix judicieux et significatifs qu’on opère des changements significatifs. J’espère de tout cœur que nos enfants et nos petits-enfants en bénéficieront promptement, parce qu’investir dans les enseignants, c’est investir dans notre avenir.

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* Ce nombre de 21 serait réparti comme suit : une par région administrative, ce qui veut dire dix-sept pour les francophones, deux pour les anglophones, une autre pour les Autochtones et une pour l’ensemble des projets ou écoles à statut particulier.

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