Soutien-gorge en milieu scolaire : un débat de liberté, d’égalité ou de fraternité?

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Photo: Pxhere

Cet article a été publié initialement sur les pages francophones du Prince Arthur Herald

 

Depuis quelques jours, un débat sur le port du soutien-gorge en milieu scolaire éclate parce qu’une jeune fille a osé défier le code vestimentaire de son école. Passablement médiatisé, le comportement de cette écolière audacieuse relève pour certains, de la liberté de choix et pour d’autres, du droit à l’égalité. Or, là où le bât blesse, c’est sur le plan de la fraternité.

 

Liberté et hypersexualité

La polémique autour du port du soutien-gorge en milieu scolaire s’est polarisée sur la liberté et le droit à l’égalité. Me Guylaine Bachand, avocate et experte en matière de droit de la personne a affirmé à l’émission de Mario Dumont sur les ondes de LCN que le fait de porter ou non un soutien-gorge à l’école relève de la liberté d’expression. La ministre de la Condition féminine du Québec, Hélène David, donne raison à Me Bachand. Elle aussi est du même avis.

 

Cette revendication de liberté dérive de l’hypersexualisation des femmes. Dans son rapport sur l’hypersexualisation, l’UQAM mentionne que les jeunes sont confrontés à de nouvelles réalités socio-sexuelles, qui sont à l’origine de la banalisation et de la surenchère de la sexualité auxquelles nous assistons aujourd’hui. Ce phénomène est devenu une préoccupation sociale puisqu’il provoque la sexualisation précoce des jeunes.

 

L’égalité

Le refus vis-à-vis le port du soutien-gorge prend également sa source dans le droit à l’égalité. C’est du moins ce droit que revendiquent les partisanes du mouvement #nobra. Selon elles, les femmes doivent se libérer de ce carcan qui a été conçu pour la gente féminine. Certaines vont même plus loin en revendiquant le sein nu en tout lieu.

 

Pourtant, selon l’UQAM, dans son rapport final sur l’hypersexualisation : « … l’équivalence gars et sexy ne fait pas vraiment de sens. Le sexy est vraiment associé aux filles, et à des comportements et vêtements osés, montrant les parties intimes du corps. Or, les vêtements des gars dissimulent au lieu de montrer. C’est pourquoi, pour eux, un gars sexy, c’est plutôt un gars bien habillé qui a de la classe. » En d’autres mots, selon ce rapport, si les filles veulent se comporter comme des garçons, elles doivent cacher davantage ce qui les distingue.

 

La fraternité

Pour sa part, Richard Martineau ne fait pas dans la dentelle. Selon lui, puisqu’une fille porte des seins, elle doit revêtir le soutien-gorge en classe. Donc, les filles qui sont en présence de la gente masculine doivent rechercher plutôt la modestie et respecter le principe de fraternité. Dans le contexte qui nous préoccupe, la fraternité fait référence à l’harmonie qui doit régner entre les personnes qui composent un groupe, une communauté ou une société.

 

Selon ce même rapport de l’UQAM sur l’hypersexualisation, la raison principale qui pousse les filles à succomber à cette hypersexualisation de leurs mœurs est le désir de mettre en valeur leur pouvoir de séduction, dans l’idée qu’elles plairont davantage aux garçons et attireront plus leur attention si elles en montrent plus. L’harmonie dans la société des filles et des garçons passe par la modestie de ces demoiselles et une saine gestion de l’attirance sexuelle qu’elles suscitent chez leurs compagnons.

 

Le droit à l’évolution

Si ce n’est pas pour séduire, pourquoi alors les élèves du pensionnat du Saint-Nom-de-Marie veulent-elles avoir le choix de porter ou non un soutien-gorge? Selon ces adolescentes, il s’agit d’un droit à l’évolution.

 

Souvent, les femmes qui réclament le droit de libérer leur poitrine des bonnets maudits font référence aux Africaines qui n’ont pas à se soucier de couvrir leur poitrine. Or, même si ces femmes ont la liberté de découvrir le haut du corps, il n’en demeure pas moins que leurs seins sont vus comme des attractions sexuelles. Effectivement, à cause de cette attraction, on procède, dans certains cas, au repassage des seins. Il s’agit d’une opération douloureuse qui : « consiste à ralentir la croissance mammaire et à supprimer les signes extérieurs de féminité afin d’éviter les viols et d’empêcher les agressions sexuelles. » On veut ainsi éviter d’attirer l’attention des garçons et de prévenir une sexualité précoce.

 

La collectivité

Même si l’égalité en matière de dignité est une réalité indéniable, les différences physiologiques entre les hommes et les femmes doivent être considérées non seulement sous l’angle des droits individuels mais également en fonction des responsabilités collectives. L’impact du déshabillage de la femme sur l’homme doit être considéré au même titre que la liberté et l’égalité, fraternité oblige. Considérer ces trois principes apporterait un équilibre sur le plan de l’hypersexualisation chez les filles, phénomène influencé largement par les vedettes du jet-set.

 

L’industrie du sous-vêtement

Même si les jeunes filles réussissaient à avoir gain de cause et à jouir de la liberté de choix sur la question dans la majorité des écoles du Québec, les Distributions Nivek inc ne s’inquiéteraient pas outre mesure. Cette entreprise de la Montérégie croit que ces adolescentes finiront par revenir au port du soutien-gorge. Selon Lorraine Ursaki, la relationniste de cette entreprise, ces jeunes filles chercheront rapidement à redonner du soutien et de l’élégance à leur corps. C’est alors qu’elles auront recours à nouveau aux soutiens-gorge, qui mettront en valeur leur féminité.

 

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