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Pour éviter la « montréalisation » des régions du Québec et une trop forte concentration éditoriale, les journaux du Groupe Capitales Médias ne doivent pas être vendus en bloc.
Cinq options nous sont présentées quant à l’achat du Soleil de Québec, du Droit de l’Outaouais, du Nouvelliste de Trois-Rivières, de la Tribune de Sherbrooke, de la Voix de l’Est de Granby ainsi que du Quotidien et du Progrès-week-end de Saguenay. Parmi elles, une seule est profitable pour l’ensemble des Québécois.
Cinq options
En fait, il y a d’abord la vente en bloc de ces journaux qui seraient achetés par Québecor, ensuite celle où ils seraient achetés par un groupe d’investisseurs, puis l’option d’en faire des journaux contrôlés par l’État, au même titre que Radio-Canada ou Télé-Québec, aussi l’achat, journal par journal, par six groupes d’investisseurs indépendants et finalement, l’achat journal par journal d’une région par des groupes d’agents locaux qui croient à la vocation régionale de leurs journaux.
Les « pour » et les « contre »
L’achat de ces journaux par l’État n’est pas la meilleure chose à faire. Personne n’ose mordre la main qui la nourrit. Il est malaisé pour des journalistes de remettre en question le gouvernement qui paie leur salaire. En fin de compte, ces journaux deviendraient potentiellement les porte-voix de l’État, voire de l’étatisme.
L’achat par Québecor n’est pas non plus à souhaiter. Certes, la survie de ces journaux régionaux en serait assurée, mais à quel prix? En peu de temps, la ligne éditoriale serait imbibée de la culture organisationnelle de Pierre-Karl Péladeau. On réduirait ainsi la diversité philosophique.
Qu’en est-il maintenant de l’achat en bloc par un groupe d’investisseurs? Le danger de cette transaction est que la direction de ce groupe amène une « montréalisation » des régions. On injecterait chez elles la culture métropolitaine, qui risquerait d’influencer leur mode de vie particulier. Chacune d’entre elles perdraient de son cachet, et y perdrait à coup sûr une part de son identité. Ainsi, les capitales régionales seraient tentées de devenir les petites sœurs de la métropole.
Quant à l’achat journal par journal par des investisseurs, cette idée comporte moins de danger, mais elle n’est pas sans risques. Si un groupe d’investisseurs local achète un journal pour uniquement le rentabiliser, les contributeurs seront surveillés. Tout propos dérangeant pourrait être mis à l’index.
Par contre, l’achat par un groupe de personnes d’un milieu donné sous forme de coopérative, représentant plusieurs secteurs d’activités, s’avère un choix plus judicieux. Déjà, les chambres de commerce de ces six régions ont eu des discussions avec des agents de leur milieu. Dans la plupart des cas, les discussions vont bon train, et la survie de ces journaux est espérée de tous.
Un partenariat multisectoriel
J’espère, toutefois, qu’il n’y aura pas uniquement la contribution des gens d’affaires dans la reconstruction de ces organes d’information. Souhaitons que les entreprises culturelles et sportives, les associations caritatives et philanthropiques, ainsi que les commissions scolaires, les cégeps et les universités en région prendront une part active dans ces projets de nouvelles entités médiatiques. C’est au travers d’un partenariat multisectoriel que ces journaux bénéficieront d’un nouvel élan.
Plus que du papier
À mon avis, le nouveau concept ne devrait pas se limiter à un concept papier. À cet effet, madame Rossignol, de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord, est du même avis. Pour que ces journaux régionaux puissent survivre, il faut plus qu’une bonne gestion des ressources, il est nécessaire d’en faire des plateformes multimédias en ligne. Il serait intéressant d’y voir l’implication des étudiants dans des débats en salle ou des mini-conférences qui pourraient être retransmis en différé. Il serait possible également de visionner des vidéos à la page ou de faire entendre des chansons d’artistes locaux. Certaines sections pourraient même être organisées conjointement avec les stations de télé et les postes de radio régionaux pour offrir du contenu en direct.
La valeur du principe de subsidiarité
À première vue, cette expression fait peur parce qu’elle n’est pas d’usage fréquent. Cependant, ce n’est pas parce qu’elle fait peur qu’elle est dangereuse. En résumé, le principe de subsidiarité « […]est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. » En d’autres mots, chaque intervention doit être exercée par l’autorité qui est le plus près possible des concitoyens. Ce que le quartier peut régler ne doit pas se rendre à la Ville, ce que la Ville peut régler ne doit pas se retrouver au gouvernement provincial et ce que la province peut faire ne doit pas être pris en charge par le gouvernement fédéral. Dans le cas qui nous concerne, si un journal était pris en main par un groupe local, qui aurait à cœur le bien de sa région, ce n’est pas seulement un groupe d’investisseurs qui y gagnerait au change, mais encore et surtout une population entière.
Le journal régional doit devenir un média de rassemblement au moyen duquel tout un chacun s’informera de ce qui se passe chez lui. Dans cette optique médiatique, le sport régional, les artistes du coin, les penseurs, les bricoleurs, les artisans, les commerçants et tous les professionnels d’une même région se rencontreraient à travers ce média pour travailler collectivement au mieux-être de leur milieu de vie.
Plus tous ces acteurs se mobiliseront pour le bien commun, plus leur journal deviendra une source dynamique de développement, de promotion et d’informations. Je suis très heureux que des chambres de commerce s’investissent pour la survie d’un moteur rassembleur indispensable pour des régions clés.
À défaut de quoi, on assistera de plus en plus à une « montréalisation » de nos régions. Au lieu de développer une culture et un patrimoine propre à chacune de nos régions, on assistera petit à petit à une occidentalisation du Québec, qui se diluera dans une culture sensiblement pareille partout sur la planète, aussi bien en Amérique qu’en Europe, qu’en Océanie et que dans plusieurs pays asiatiques.
Pourtant, le journal régional a un plus grand impact qu’on ne peut l’imaginer. Il suffit de vivre en région pour le constater…
Eric Lanthier, analyste politique et social
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