Comment réduire la criminalité?

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Photo par Katemangostar et Freepik

La recherche démontre qu’en éduquant les garçons à vivre sainement leurs univers mental, émotionnel, physique et social, on contribue à réduire le taux de criminalité dans la société.

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) rapportait qu’en 2015, 78 % des victimes d’actes criminels d’ordre conjugal sont des femmes. Ce rapport prouve que la majorité de ces crimes sont commis par des hommes. L’INSPQ nous informe également que 73 % des homicides, 100 % des enlèvements, 97 % des séquestrations et 97 % des agressions sexuelles perpétrés envers des femmes le sont par un conjoint ou un ex-conjoint.

En tant que citoyens, comment pouvons-nous concrètement agir contre cette triste réalité? Une des réponses à cette question complexe est le renforcement de l’intelligence émotionnelle des garçons. Hein? Oui, en effet, car la majorité des crimes, toutes catégories confondues, sont commis par des hommes et que la plupart de ceux qui ont commis des crimes contre des femmes ont davantage renforcé, dans leur expérience de vie, leur intelligence héroïque.

Définissons ces concepts. L’intelligence héroïque, c’est l’audace que beaucoup de garçons développent pour impressionner, se dépasser ou pour gagner le respect d’autrui. Ils ont l’impression de vivre à plein lorsqu’ils expérimentent des prouesses, des actes de bravoure, aussi irréfléchis que ceux-ci puissent être, ou encore quand ils protègent une personne plus faible.

En revanche, lorsqu’on renforce l’intelligence sanitaire d’un garçon, on vise à développer chez lui une saine hygiène de vie, particulièrement sur le plan physique et mental, d’où l’expression popularisée par Pierre de Coubertin, un esprit sain dans un corps sain. Plus un garçon apprendra à canaliser ses élans héroïques par la prévention, comme en portant un casque à vélo, ou par une sensibilisation aux dangers possibles, plus il développera son intelligence sanitaire.

En ce qui a trait à l’intelligence émotionnelle, elle consiste en une capacité de connecter avec ses propres émotions et avec celles des autres, et en une sensibilité qui mettent, dans le cas qui nous occupe dans cet article, l’intelligence héroïque du garçon au service de ceux et celles qu’il devra protéger. Développer cette intelligence s’avère donc, chez les garçons, d’une importance majeure, car elle devient non plus une arme meurtrière, mais une arme salvatrice d’autrui.

À la maison ou à l’école, il est facile de développer l’intelligence sanitaire d’un garçon. Il est aussi assez simple de stimuler, chez plusieurs d’entre eux, leur intelligence héroïque au travers de sports ou d’activités physiques quelconques, comme des acrobaties ou des exercices reliés au cirque.

Toutefois, le défi qui s’avère le plus grand chez eux est le développement de leur intelligence émotionnelle. Warren Farrell soulève qu’un garçon dispose de 30 secondes pour exprimer un état d’âme négatif. S’il prend plus de temps, ses compatriotes masculins le mépriseront, et les filles de son entourage ne se sentiront pas en sécurité puisqu’elles auront, pour un bon nombre d’entre elles, l’impression qu’il ne sera pas en mesure de les protéger.

Comment aider alors ces hommes en devenir? Il y a deux sources de solution. L’investissement du père qui s’intéresse à ce que ressent son garçon et l’instauration de groupes de discussions dans les écoles. Le papa qui prend le temps avec son fils pour que celui-ci puisse expliquer son sentiment face à une activité qu’il a vécue, à une expérience de vie quelconque ou face à un exploit aidera son garçon à mettre des mots sur ce qu’il ressent.

Les groupes de discussions, basés sur des champs d’intérêt comme le sport, la musique, le cinéma ou d’autre sujets qui passionnent les garçons, leur permettent d’exprimer leur point de vue. Or, c’est l’orientation des discussions qui fera toute la différence. Si l’animateur leur permet d’exprimer leurs idées et également comment ils se sentent face à ce qu’ils expriment ou à ce qu’ils expérimentent, les garçons développeront subtilement leur intelligence émotionnelle.

En définitive, en développant l’intelligence sanitaire et émotionnelle d’un plus grand nombre de garçons, qui apprendront à être plus prudents et à mieux connecter avec leurs besoins et ceux des autres, on peut s’attendre à ce que le taux de meurtres et celui aussi d’accidents néfastes diminuent. Ces jeunes apprendront ainsi à gagner le respect des autres par le biais d’autres types d’intelligence et non seulement à travers l’intelligence héroïque.

Développer l’intelligence sanitaire et émotionnelle des garçons est une forme de prévention qui les rendra moins agressifs, moins exigeants envers les autres et plus sensibles à leurs besoins. Si les garçons vivent un développement plus sain, ils se comporteront plus sainement.

Il s’agit d’une approche qui peut certainement changer une communauté, une relation à la fois.

Éric Lanthier est un spécialiste en intelligence genrée et parle de l’éducation des garçons sur les ondes du 1410 AM à Montréal, les lundis à 17 h 35. Ses capsules radiophoniques sont rediffusées sur les réseaux sociaux ainsi que sur sa page Décentrer.

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