La triste histoire de la jeune Noa Pothoven qui s’est laissé mourir relance le débat sur l’aide médicale à mourir pour les mineurs.
En début de semaine, on croyait que cette adolescente avait reçu l’aide médicale à mourir, mais mardi, on apprenait que ses parents avaient refusé qu’elle y ait recours. Face à ce refus, elle a décidé de se laisser mourir.
Le débat de l’aide médicale à mourir (AMM) pour les mineurs revient continuellement sur la place publique. Évidemment, le sujet ne fait pas l’unanimité. Cependant, je ne serais pas surpris que l’élargissement de la loi sur l’AMM s’étende jusqu’aux jeunes âgés de douze ans.
L’élargissement de l’accès à l’aide médicale à mourir
En 2016, les Québécois ne se disaient pas prêts à étendre l’aide médicale à mourir aux mineurs. En 2017, plus des deux tiers des membre de l’Agence médicale canadienne étaient d’accord à ce qu’un mineur en âge de raison puisse y avoir recours. En 2018, un groupe d’experts mandatés par le ministère de la Santé considérait la possibilité de rendre accessible cette mesure aux mineurs. En 2019, c’est au tour du gouvernement Legault de consulter un groupe d’experts pour savoir jusqu’où l’AMM devrait être élargie.
Suivre l’exemple des autres?
Certains s’appuient sur la Belgique et les Pays-Bas, où l’aide médicale à mourir est accordée, sous certaines conditions, aux mineurs. Il est certain qu’avant d’autoriser l’euthanasie des jeunes, l’État s’assure préalablement du consentement de ses parents. Même si cette mesure est admise là-bas, doit-on les imiter pour autant? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la position du professeur d’éthique Theo Boer.
Un expert s’oppose
Même si des personnes crédibles sont en faveur de cette pratique, une personnalité de renom s’y oppose, Theo Boer. Ce professeur d’éthique a siégé neuf ans sur un comité de révision des cas d’euthanasie. Selon la société d’État, il aurait révisé 4000 cas. Cet éminent éthicien est contre l’euthanasie, car selon son observation, le droit à l’aide médicale à mourir enlevait, chez certains patients, leur motivation à poursuivre une thérapie ou à trouver un sens à leur vie. Ils ne voyaient plus le bénéfice de persévérer dans leur combat contre l’adversité.
Qu’en disent les pédiatres?
Pour ma part, je suis d’accord avec la Société canadienne de pédiatrie, qui stipule que :
« L’accès légal des enfants et des adolescents à l’AMM est une question complexe qui n’a pas encore été pleinement évaluée ni statuée par la société canadienne, le Parlement et les tribunaux. La compétence peut être évaluée chez les enfants et les adolescents dans divers scénarios de décisions médicales, sans pour autant résoudre la question éthique des personnes qui peuvent ou doivent avoir accès à l’AMM. »
En d’autres mots, ce n’est pas seulement à un comité d’experts de décider ce que le gouvernement actuel doit adopter comme mesures dans de tels cas.
Des consultations populaires
Si l’on consulte les tribunaux, nous risquons de voir la loi s’étendre jusqu’au mineurs considérés matures. À mon avis, le meilleur moyen d’entendre tous les points de vue à ce sujet et d’opter pour une position éclairée est de consulter la population par voie de référendum. À défaut de quoi encore une fois, l’État imposera sa vision des choses sans le consentement du peuple. Par ailleurs, la Société canadienne de pédiatrie exhorte le gouvernement à « […] assurer l’accès à des soins palliatifs de qualité à tous les enfants, les adolescents et les familles qui en ont besoin. » À mon avis, c’est là que nous devons investir. Sinon, sans soins de qualité, la mort deviendra l’option numéro un.
Les symptômes parlent
John Gray nous a rappelé essentiellement que les hommes cherchent des solutions et que les femmes aiment être comprises et cherchent à comprendre. Or, dans le débat qui nous concerne, nous sommes vraisemblablement dans un mode masculin de décision. Au lieu de chercher à comprendre et à soulager le véritable besoin des êtres humains qui souffrent en fin de vie, nous optons pour une solution drastique : donner la mort. Or, il est clair qu’élargir l’AMM ouvre la porte à des abus.
Si l’on comprend bien le besoin, qui est de trouver la meilleure solution au soulagement des souffrances de fin de vie d’êtres humains et de les traiter en toute dignité, commençons donc par leur faire sentir qu’ils ne sont pas un fardeau pour la société, et élargissons l’accès et la qualité de nos soins palliatifs. Dans le cas qui nous préoccupe, optons plutôt pour une approche plus féminine, où le patient se sentirait compris, aimé et accompagné. Pour y parvenir, nous avons besoin de l’apport de tout un chacun et non seulement des équipes médicales. Socialement, sommes-nous prêts à faire partie de la solution?
Le pied sur le frein
Mario Dumont, l’ex-chef de l’Action démocratique et ex-chef de l’opposition officielle exprime certaines craintes face à l’élargissement de l’AMM. Puisque les Québécois n’ont pas voulu de lui comme premier ministre du Québec, nous ne pouvons pas miser sur lui, sur le plan politique, pour restreindre cet élargissement. La seule porte qui nous reste est d’appeler notre député et de lui demander qu’il réclame un référendum sur la question.
Faute de pain, on mange de la galette…