GUY NANTEL ET LA LIBERTÉ D’EXPRESSION À GÉOMÉTRIE VARIABLE

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Source image: Facebook

Eric Lanthier

Cet article a été initialement publié sur la plateforme francophone du Prince Arthur Herald

Si la liberté d’expression est réclamée par Mike Ward lorsque, dans son spectacle, il souhaite la mort de Jérémy Gabriel, pourquoi ne peut-elle pas être revendiquée lorsque Guy Nantel critique les féministes? Sommes-nous confrontés à une liberté d’expression à géométrie variable?

La banalisation des agressions ou le souhait de la mort d’un jeune homme sont des farces de très mauvais goût dans un spectacle d’humour. Or, ce que je déplore surtout, c’est la liberté d’expression à géométrie variable. D’un côté, on accepte qu’un humoriste puisse dire des énormités, et de l’autre côté, on refuse qu’un autre puisse faire de même. Il semble qu’attaquer Jérémy Gabriel, ça passe, mais qu’attaquer les féministes, ça ne passe pas.

Les réactions

Je comprends qu’Alice Paquet n’apprécie pas que Guy Nantel banalise la mauvaise expérience qu’elle a dénoncée. Toutefois, est-ce que ses paroles, inconvenantes, je l’admets, justifient les menaces de mort que le fautif a reçues ou même qu’on veuille s’en prendre à sa fille? La réponse est non, évidemment.

La contradiction

Laissez-moi être clair et limpide. Je ne prends pas position en faveur de Guy Nantel dans ce débat, d’autant plus que je n’ai pas vu son spectacle. Ce que je dénonce, c’est la contradiction derrière cette controverse. On louange Mike Ward et on diabolise Guy Nantel. Pourtant, dans les deux cas, on porte offense à des personnes. Vouloir la mort d’un jeune homme et rire d’une personne qui affirme avoir été agressée n’ont rien de drôle. En fait, ce que ce débat révèle, c’est que les Québécois sont pour la liberté d’expression quand ça fait leur affaire et dans le contexte qui leur convient.

Une liberté d’expression à géométrie variable

Cette saga nous apprend que la liberté d’expression n’a pas de limites tant qu’on ne touche pas aux groupes à qui on donne le privilège d’une notoriété publique. C’est ça que je dénonce. Par ailleurs, les détracteurs de Guy Nantel, tels que Manon Massé et ses supporteurs, manquent de finesse lorsqu’ils réclament : « Plus d’Omar Khader et moins de Guy Nantel ». Le niveau de violence dans ces propos est passablement élevé. Ils sont empreints de mépris et font déraper le débat de fond.

Ce qui est bon pour un est bon pour l’autre

C’est pourtant si simple. Dans une société juste et équitable, si la liberté d’expression s’adresse à Mike Ward, elle doit s’adresser aussi à Guy Nantel. Si on ferme la bouche à Guy Nantel, on doit le faire également à Mike Ward. Comme le dit souvent Patrick Lagacé : « Ce qui est bon pour Pitou est bon pour Minou. » Pour ma part, plus de respect serait souhaitable parce qu’on n’est pas obligé de blesser quelqu’un pour être drôle. Au Québec, on préfère plutôt une liberté d’expression à échelle variable, ça passe mieux et ça favorise ceux qui sont aimés par les protecteurs de la bienséance contemporaine.

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