Interdire l’affichage destiné aux enfants sur les produits alimentaires partie 2: une bonne façon de rater la cible

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Source photo: http://c4.staticflickr.com/3/2820/9533758243_ddf57663be_k.jpg

Par Éric Lanthier

Cet article a été originalement publié sur la plate forme du Prince-Artur Herald

Au lieu d’attaquer de front l’obésité, la sénatrice Greene-Raine attaque l’autorité parentale, la créativité et la libre entreprise.

Le projet de loi S-228, appelé : Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues (interdiction de faire de la publicité d’aliments et de boissons s’adressant aux enfants), devrait être adopté au Sénat avant la pause du Noël.  S-228 n’a rien de stratégique et ne contribue pas à dynamiser sainement la société civile.  Au lieu d’attaquer de front un problème préoccupant, l’honorable Nancy Greene-Raine se met à dos les parents et l’entreprise privée.  Stratégiquement, il aurait été plus payant de s’en faire des alliés.   Or, la sénatrice conservatrice préfère leur mener la vie dure et bien paraître devant certains «lobbies» qui la poussent à agir de la sorte.

 

Réduire l’obésité

Étant tous d’emblée pour la vertu, il est tout à fait normal que l’on veuille réduire le nombre de gens aux prises avec un surplus de poids.  C’est définitivement un fléau sur lequel nous devons nous attarder puisque le nombre de gens qui souffrent d’obésité et d’embonpoint est passé, selon Statistiques Canada [1], entre 2010 et 2014, de 13 099 396 à 14 222 521.  Ce chiffre représente, à peu près, deux fois la population de nos dix plus grandes villes au Canada, ce n’est pas rien.

 

Poids économique

Non seulement l’accroissement du nombre de cas d’obésité et d’embonpoint s’accroît, mais les frais de santé associés à cette augmentation pèsent dans la balance.  Effectivement, selon la chaire de recherche sur l’obésité de l’Université Laval [2] le fardeau financier associé à ce phénomène était estimé à 4,3 milliards de dollars en 2001.  Selon les mêmes sources, l’inactivité physique coûte aux contribuables 5,3 milliards de dollars.  En 2006, l’Institut national de la santé publique du Québec (Inspq) [3] estimait qu’au Canada ce coût  s’est élevé à 6 milliards de dollars.  Et pourtant, ce montant ne tient pas compte des 5 milliards de dollars qui sont dépensés pour compenser les frais reliés au manque de productivité qu’ont engendré l’obésité et l’embonpoint.

 

Une saine implication de l’État

La préoccupation de la Sénatrice Greene-Raine est judicieuse; cependant, elle n’attaque pas la bonne cible.  Le problème c’est que les moyens qu’elle compte utiliser pour atteindre son but nuisent à des valeurs fondamentales : l’autorité parentale, la libre entreprise et la créativité.  Avant d’attaquer ces valeurs, l’État aurait intérêt à établir un plan qui vise à :

         favoriser l’accès à l’exercice

         implanter une stratégie pour augmenter la consommation d’aliments santés

         encourager les entreprises qui vendent des produits santés à se doter d’emballages plus attrayants pour les enfants

         bien informer les parents et l’ensemble des consommateurs

         exiger que le taux de sucre soit affiché à l’avant du produit

         demander aux entreprises d’indiquer sur l’avant du produit si la quantité de sucre ou de gras dépasse la quantité quotidienne maximale requise à l’aide d’un symbole universel.

 

Cibler l’obésité et l’embonpoint

Si la motivation de la Sénatrice Greene-Raine est de réduire l’obésité et l’embonpoint chez les enfants, elle s’y prend mal.  Son objectif est louable mais le moyen est peu pertinent.  Son projet de loi me fait penser à quelqu’un qui veut perdre 15 kilogrammes de gras en réduisant une cuillerée à thé de sucre dans son café.  Est-ce que réduire le sucre est une bonne chose? Oui!  Est-ce le bon moyen pour perdre 15 kilos?  Poser la question c’est y répondre.

 

Pour contrer l’augmentation de l’obésité et de l’embonpoint au Canada, il faut promouvoir un autre mode de vie, plus inspirant, plus stimulant et cela passe par des mesures qui encouragent les jeunes à vivre sainement et non en attaquant la libre entreprise, en «court-circuitant» la créativité ou en usurpant le rôle des parents.  J’espère que les Sénateurs et la Chambre des communes vont s’unir pour s’attaquer à la source du problème et non à des personnages imaginaires qu’on retrouve sur une boîte de carton…

 

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[1] http://www.statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l02/cst01/health81a-fra.htm
[2] http://obesite.ulaval.ca/obesite/generalites/mortalite_morbidite.php
[3] https://www.inspq.qc.ca/es/node/4006

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