La CAQ prend son envol malgré une aile droite affaiblie

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par Éric Lanthier, commentateur médiatique au 92,7FM

Cet article a été initialement publié sur la plateforme francophone du Prince Arthur Herald

 

Plus les années passent, plus la Coalition Avenir Québec (CAQ) se dirige vers le centre et plus elle s’éloigne de sa base adéquiste. Plus elle s’éloigne de sa source, plus elle pousse les forces conservatrices à se mobiliser.

 

Le récent sondage Mainstreet, réalisé pour le compte du quotidien, The Gazette, nous informe que la CAQ remonte dans les intentions de vote. Selon Mainstreet, la CAQ dépasserait même le PLQ (Parti libéral québécois) d’un point. Quoiqu’il soit encore trop tôt pour parler d’une tendance significative, il est intéressant de voir que la Coalition dame le pion au Parti québécois (PQ).

 

Sans odeur de corruption

À ce jour, nous sommes forcés de croire que la remontée de la CAQ est due au fait que le Parti libéral du Québec doit encore se défendre contre de prétendues corruptions liées à l’époque de Jean Charest. Évidemment, la Coalition misera sur le fait qu’elle n’a jamais été au pouvoir, ce qui implique qu’elle ne traîne pas derrière elle un historique d’exactions quelconques et qu’elle est donc à l’abri de tout soupçon. Cependant, les Québécois ne sont pas dupes. Ils savent très bien que la corruption arrive généralement en même temps que le pouvoir. C’est, en effet, là qu’un parti acquiert les moyens d’accorder des retours d’ascenseur jusqu’à se retrouver en apparence de conflit d’intérêts. « Un chum, c’est un chum… », comme le disait l’autre.

 

Le PQ ne bénéficie pas de l’alternance du pouvoir

Las d’entendre maintes doléances à l’égard de possibles odeurs de concussion à l’intérieur du PLQ, les Québécois se réfugient maintenant au sein de la CAQ. Cela veut dire que le PQ n’est plus l’alternative au PLQ, pour l’instant, du moins… Dans cette conjoncture, la CAQ refusera certainement toute convergence avec le PQ.

 

Une convergence en faveur du QS

De son côté, le Parti de René Lévesque devra s’unir à Québec Solidaire (QS) s’il veut survivre et se rendre non seulement aux élections de 2018 mais aussi jusqu’aux élections de 2022.  Au sein de cette union, Québec Solidaire tirera la couverture de son côté, sachant que le Parti québécois demeurera dans l’isolement s’il n’a pas l’appui du parti de Gabriel Nadeau-Dubois.

 

La victoire par le centre de la patinoire

Puisque la CAQ semble avoir, à ce stade-ci, le vent dans les voiles et qu’elle tirera profit du fait qu’elle est l’alternative crédible aux libéraux, elle gardera la voie du centre tout en saupoudrant du sel un peu à droite, un tantinet à gauche afin de se donner une allure suffisamment centriste pour plaire au Québécois moyen, qui désire un gouvernement pas trop déstabilisant. C’est la meilleure carte à jouer puisque la population québécoise veut certainement remplacer les libéraux sans, toutefois, en être ébranlée. On pourrait comparer ce choix modéré comme celui d’un propriétaire qui, au lieu de changer tout son ameublement de salon, se contente simplement d’inverser la position de son divan et de sa télé. Tout le monde remarquera le changement, mais rien n’a été remplacé.

 

Les ex-militants adéquistes : déçus du menu

Depuis que l’Action démocratique du Québec (ADQ) s’est jointe à la CAQ, plusieurs militants sont restés sur leur appétit. Certains sont entrés dans les rangs, d’autres ont formé le Parti autonomiste et plusieurs se sont ralliés au Parti conservateur du Québec. De surcroît, en gardant le cap sur le centre, la CAQ a perdu un joueur de premier ordre, l’ex-chef de l’ADQ, Gérard Deltell. Son départ témoigne que la CAQ n’est plus le rejeton de l’ADQ. Elle devient tout au plus une solution de remplacement nationaliste aux libéraux de Philippe Couillard.

 

Un centre fédéraliste ou un centre nationaliste

Ainsi, l’année 2018 sera marquée par une élection où les Québécois auront à choisir entre un centre fédéraliste, usé par le pouvoir et les malversations probables du passé, ou un centre nationaliste, composé de parlementaires aguerris, prêts à répondre aux aléas du pouvoir. Quant aux Québécois qui rêvent d’une formation centre-droite nationaliste, dans un monde merveilleux, ils devront attendre encore au moins cinq années.

 

La disparition de l’aile droite

La CAQ n’a plus aucune tentation de renforcer son aile droite, encore moins son aile gauche. Désireuse de remporter les élections de 2018, la coalition de François Legault n’optera pas pour un avion à deux ailes mais plutôt pour une fusée. En se départant de son aile droite, elle n’a pas d’autres choix que celui d’un véhicule qui la propulsera à partir du centre.

 

Un comité bleu ou le PCQ

Les militants de droite devront trouver un moyen de fédérer un maximum de conservateurs au sein de la CAQ pour remplir les sièges vacants laissés par des candidats de droite, ce qu’on appelle un comité bleu. Or, si la Coalition gagne les élections de 2018 sans un comité bleu dans ses rangs, il ne restera qu’une option aux orphelins de l’ADQ, le Parti conservateur du Québec (PCQ). Celui-ci deviendrait une alternative à long terme pour les Québécois, et ce, dans la mesure où tous les adhérents au parti pourront s’entendre pour travailler ensemble dans l’unité autour d’un chef rassembleur. C’est une chose possible aux hommes et aux femmes de bonne volonté, mais entre le possible et le réel, il est permis de rêver. Qui sait, les Québécois finiront peut-être par être tannés d’avoir un gouvernement qui leur impose un régime à taille unique…

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