La culture du viol : un changement de paradigme s’impose

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Source image:  https://pixabay.com/en/lovers-pair-romance-romantic-human-1676972/

Par Éric Lanthier, animateur du Tour d’horizon au 92,7Fm, Ottawa

Cet article a été publié initialement sur:

http://princearthurherald.com/fr/uncategorized/lalternative-la-culture-du-viol-un-changement-de-paradigme-simpose

 

La culture du  viol n’a pas sa place au Québec.  Pour l’enrayer, nous avons besoin de plus qu’une loi : un changement de mentalité s’impose.

 

Les événements des derniers jours ont sonné l’alarme; on veut mettre fin à la culture du viol et c’est louable.  Maintenant, la question que nous sommes en droit de nous poser est la suivante: comment allons-nous y parvenir?

 

Changement de paradigme culturel

Parce que les Québécois sont victimes de la pensée unique, le réflexe de la population est de se tourner vers l’État pour qu’il trouve une solution unilatérale.  Or, la culture du viol n’est pas d’abord et avant tout un problème politique mais principalement un problème culturel.  Ce que nous avons besoin, c’est d’un changement de mentalité.  Certes, le gouvernement a un rôle à jouer dans ce changement de paradigme et ce, dans la mesure qu’il suit les besoins de la population et non l’inverse.

 

Ce n’est pas suffisant de réprimer les malfaiteurs, nous avons besoin également de changer notre optique de la sexualité.  À défaut, il sera difficile de voir des changements significatifs s’opérer.

 

Changer la définition de la sexualité

Pour voir un changement significatif, nous avons besoin d’une nouvelle paire de lentilles, je m’explique.  En Amérique du Nord[1], la sexualité est vue comme la passion ultime de la vie, comme un stimulus, comme une commodité ou dans certains cas, comme une faiblesse morale.  Rarement, les médias vont exprimer qu’elle est l’expression intime d’un engagement mutuel et durable.

 

La notion d’engagement est importante puisqu’elle implique qu’il y a un amour inconditionnel entre les deux partenaires; il y a une entente à ne pas trahir l’autre dans le plus grand respect de sa personne.  Or, qui dit viol ou agression sexuelle vient de trahir ce respect profond et cette intimité mutuellement requise permettant l’accès à cet univers physique.

 

Question de perception et de valeur

La culture du viol s’installe au Québec en partie parce que la sexualité n’est plus un acte d’intimité et d’exclusivité, elle a pris la valeur d’activité récréative, au même titre que de prendre un verre, de faire du sport ou de jouer à un jeu avec des amis.  La sexualité s’élève au rang de valeur parce qu’il est impensable de la remettre en question dans sa forme actuelle.  C’est pour cette raison qu’on se limite souvent à revendiquer la répression envers ceux qui s’adonnent à ce genre d’agression.  À mon avis, si nous voulons changer la culture du viol, nous devons aller au-delà de la répression.

 

Alternatives

Pour changer la culture du viol, nous avons besoin d’alternatives au statuquo.  Cela nécessite la mise en valeur de modèles, de promoteurs et de moyens.

 

En termes de modèles, il est important de voir des couples épanouis être mis en valeur sur la place publique.  Les Québécois ont besoin de prendre conscience qu’il est possible d’être heureux dans une relation durable.  Il est également envisageable de vivre une sexualité épanouissante lorsque deux êtres s’engagent l’un envers l’autre.

 

En ce qui concerne les promoteurs, certes, les médias peuvent jouer un rôle mais pour avoir plus d’impact, le mouvement doit venir de la base.  Pour ce faire, les meilleurs agents de changements sont les parents.  Ce sont eux qui ont le plus grand impact sur leur enfant.

 

Pour parvenir à changer de paradigme, nous avons besoin de moyens efficients.   Pour y parvenir efficacement, l’État à un rôle jouer, celui de dynamiser les agents de changement : les parents.

 

L’éducation parentale de la sexualité

Plutôt que de donner au gouvernement le mandat d’enseigner les enfants en matière de sexualité, pourquoi l’État ne s’engagerait pas à équiper les parents à éduquer leurs enfants.  L’État pourrait ainsi mettre des ressources à la disposition des parents pour comprendre comment aborder efficacement le sujet.  Ces spécialistes pourraient même aider certains couples à devenir des exemples inspirants pour leurs jeunes.  Ainsi, l’investissement aurait des répercussions sociales beaucoup plus grandes et les changements seraient significatifs.

 

Mythe du malaise

Certains s’objectent à cette approche prétextant que les jeunes seraient mal à l’aise de parler de sexualité avec leur parent.  Or, quoique ce ne soit pas impossible, il n’en demeure pas moins que, les fanfaronnades des camarades de classe et le caractère intimidant du médecin peuvent également amener un jeune à se tourner vers la toile pour trouver des réponses.[2]

Par ailleurs, l’apport du parent est une piste significative puisque le Directeur de la santé publique de Montréal constate que: «Les jeunes se tournent d’abord vers leurs parents et tuteurs comme principale source de renseignements sur la sexualité.[3]» 

 

Ce n’est pas tout.  Pour sa part, le Ministère de la santé et des services sociaux souligne que : «C’est au sein de la famille que l’enfant prend conscience de l’expression des rôles sexuels féminins et masculins et des valeurs familiales reliées à la sexualité (respect, amour, égalité, protection, etc.)[4].»  Même les intervenants de l’hôpital pour enfants de Toronto encouragent les parents à s’impliquer dans l’éducation sexuelle de leur chérubin.  Selon eux : «Si une franche communication est la norme, les enfants n’hésiteront pas à discuter avec leurs parents de questions liées à la sexualité, ainsi que de toute autre épreuve propre à l’adolescence, comme la dépression, les relations amoureuses, la toxicomanie et l’alcoolisme.»[5]

 

Une nouvelle génération pour une vision nouvelle

Pour changer la culture du viol, nous devons d’abord changer la culture et pour changer la culture nous devons changer nos définitions, notre façon de voir la sexualité et impliquer les personnes clés.  En formant une génération de parents inspirants, nous changerons notre culture et la sexualité s’exprimera avec plus de respect et plus de chaleur.

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[1] http://www.growingfamiliesusa.com/new-page-2

 

[2] http://www.20minutes.fr/societe/1330114-20140321-jeunes-sexualite-parents-amis-internet-medecin-preferez-parler

 

[3]http://www.dsp.santemontreal.qc.ca/dossiers_thematiques/jeunes/thematiques/sexoclic/pourquoi/portrait_sexualite_des_jeunes.html

[4] http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2014/14-307-01W.pdf

 

[5] http://www.aboutkidshealth.ca/Fr/HealthAZ/FamilyandPeerRelations/Sexuality/Pages/Sex-Education-for-Children-Why-Parents-Should-Talk-to-their-Kids-About-Sex.aspx

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