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La Loi sur la laïcité de l’État est appelée à demeurer en vigueur malgré qu’elle soit considérée discriminatoire par la Cour d’appel.

 

En effet, la Loi sur la laïcité de l’État est toujours en application et ce, tant que son inconstitutionnalité ne sera pas prouvée. La juge en chef aurait souhaité qu’elle soit suspendue jusqu’à ce qu’un tribunal se penche sur le fond du dossier, mais elle n’a pas été en mesure de rallier ses deux collègues.

Des droits brimés

Dans cet arrêt juridique, on peut discerner deux problèmes. D’une part, cette loi est reconnue par la juge Dominique Bélanger comme discriminatoire, et d’autre part, malgré qu’elle le soit, la clause dérogatoire empêche les juges de la suspendre. En d’autres mots, même si cette loi brime des droits fondamentaux, on ne peut en empêcher son application. D’ailleurs, la juge Bélanger elle-même admet que les droits fondamentaux de ceux qui sont visés par cette loi sont néanmoins brimés.

Une loi protégée

Maintenant, si on reconnaît que cette loi est discriminatoire, pourquoi est-elle en vigueur? Parce qu’elle est protégée par l’article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés pour une période de cinq années. Il s’agit donc d’une décision politique adoptée légitimement par le gouvernement de la CAQ. Du point de vue politique, le parti de François Legault n’a pas intérêt à modifier cette loi, car elle bénéficie de l’appui d’une majorité de Québécois.

Contrer l’islamisation

Plusieurs croient que la Loi sur la laïcité de l’État est la meilleure stratégie pour limiter la croissance musulmane. L’augmentation des familles musulmanes inquiète plusieurs de nos concitoyens. Ils ont l’impression qu’en réprimant les citoyens d’allégeance islamique, ceux-ci seront davantage marginalisés.

Pourtant, si les musulmans prennent tant de place, c’est parce qu’ils se rendent compte du vide religieux au Québec, qu’ils peuvent remplir. Étrangement, ce sont les laïcistes qui ont créé ce vacuum et ainsi invité eux-mêmes les musulmans à le combler. Comme le souligne madame Elgrably-Lévy, parce que la majorité chrétienne est devenue honteuse et n’a pas pris sa juste place, elle a contribué à la transformation d’une civilisation chrétienne bimillénaire en une civilisation nihiliste. En d’autres mots, l’abnégation des Québécois a suscité un vide immense. C’est pourquoi, je suis d’avis que la meilleure façon de forger notre identité civique n’est pas en brimant la liberté des uns et des autres, mais bien plutôt en mettant en valeur notre patrimoine, notre histoire et notre culture.

Le meilleur exemple pour illustrer ce phénomène du vide existentiel au Québec est le retrait du crucifix au-dessus du siège du président de l’Assemblée nationale. Le gouvernement Legault l’a fait enlever, malgré le mécontentement d’une majorité de Québécois; il s’y trouve désormais un espace vide. Par quoi remplacera-t-on le crucifix? Certainement pas par un symbole patrimonial, ce serait changer quatre trente sous pour une piastre. Comme le dit si bien Nathalie Elgrably-Lévy : « L’abnégation, sous toutes ses formes, attire les abus et crée un vide sidéral. ». Brimer les libertés des personnes au nom de la laïcité, c’est donner trop de pouvoir à l’État.  En définitive, au nom de la laïcité de l’État, le gouvernement crée un vide qui laisse la place à plusieurs options.

Le respect des libertés fondamentales

L’État québécois ne devrait pas appliquer les principes de laïcité, mais faire plutôt preuve de neutralité en matière de liberté de religion. Nathalie Roy de la CAQ a exprimé avec limpidité la nuance qu’on retrouve entre les deux concepts : « La neutralité, ça signifie que toutes les religions sont égales et que tout est permis […] La laïcité, ça signifie que l’État est au-dessus des religions. » Il est clair par cette loi que, lorsque l’État se place au-dessus des religions, il brime la liberté de conscience, la liberté d’expression et la liberté de croyance. Cette loi sur la laïcité le prouve. C’est en quelque sorte ce qu’affirment publiquement les promoteurs du laïcisme lorsqu’ils déclarent qu’ils ont « … toujours prôné la liberté d’opinion et de croyance qui, toutefois, doit s’exercer dans les limites des lois civiles. » Contrairement à un État neutre, l’État laïc devient l’instrument de censure qui détermine ce qui est bon pour l’ensemble des citoyens et il met la table pour l’élaboration d’une pensée unique et arbitraire qui sera imposée aux citoyens. En somme, un État laïc nuit aux libertés fondamentales de ses concitoyens, tandis qu’un État neutre assure un respect de leurs libertés.

L’utilisation de la clause dérogatoire pour contrer la liberté de nos concitoyens qui ont quitté leur terre natale parce qu’on y brimait les libertés fondamentales n’est pas la solution. N’imitons pas ceux à qui nous ne voulons pas ressembler…

Valoriser

Restreindre les libertés n’est pas le propre d’une société libre, ouverte et épanouie. Le meilleur moyen de promouvoir et de protéger notre culture n’est ni en brimant, ni en évacuant, mais plutôt en valorisant. Une société fière, saine et sûre d’elle se mobilise pour mettre en valeur ce qu’elle est, ce qu’elle a fait et d’où elle vient : son histoire, son patrimoine, ses valeurs, son courage et ses marques d’altruisme. C’est de cette façon qu’un peuple réussit à inspirer, à influencer et surtout à nourrir une culture de fierté. C’est à la sueur de leur front que les Québécois ont réussi à se doter d’un milieu de vie convoité par une multitude. Laissons tous nos concitoyens libres et soyons fiers de ce que nous sommes. Pour certains, c’est un risque, mais c’est un beau risque!

 

 

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