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Au lieu de mettre plus d’efforts pour aider les personnes en fin de vie à alléger leurs souffrances, on parle d’élargir l’accessibilité à l’aide médicale à mourir.
Évidemment, nos tribunaux ont forcé le gouvernement à modifier la loi actuelle sur l’aide médicale à mourir parce qu’elle est trop contraignante. Ainsi, au lieu d’aller chercher l’appui des conservateurs pour trouver un moyen de retarder la mise en place d’une loi qui élargit l’aide médicale à mourir, les libéraux de Justin Trudeau lancent une consultation populaire pour passer rapidement à l’action, ordonnance de la Cour oblige.
Une complexité juridique
Si vous avez consulté le questionnaire sur les critères d’admissibilité et le processus de demande d’aide médicale à mourir, vous avez sûrement constaté qu’il faut quasiment être un juriste pour y répondre. Ce jargon juridique nous enlève le goût de répondre et de faire connaître notre position sur le sujet. En même temps, ce langage opaque, qui n’est clair que pour les initiés, nous montre à quel point la gestion de l’aide médicale à mourir est devenue complexe et qu’elle devient, non plus un enjeu moral, mais bel et bien une cause juridique.
Pendant que le gouvernement fédéral consulte la population sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir, les Québécois malades ne bénéficient pas de services adéquats. Il demeure que recevoir des soins palliatifs est difficile.
Dans le monde et au Québec
Selon l’Université de Glasgow, seulement 30 pays à travers le monde offrent la prestation de soins palliatifs, ce qui veut dire que seulement 14 % de la population mondiale y a accès. Au Québec, malgré les mesures mises en place en décembre dernier, le portrait n’est pas très reluisant, car seulement 20 % des Québécois terminent leurs jours à la maison. Ce chiffre représente la moitié du nombre de patients qui le peuvent dans le reste du Canada.
Une impasse
Ce constat est accablant parce que, faute de soins adéquats, les patients aux prises avec des douleurs extrêmes n’ont d’autres choix que de se rendre à l’urgence. Par ailleurs, même si certains médecins sont aptes à offrir ces soins, les règles gouvernementales ont fait en sorte que des médecins de famille qui avaient les compétences pour pratiquer des soins palliatifs ont été empêchés de le faire, réglementation oblige.
Une solution rapide
Force est de constater que l’aide médicale à mourir devient une solution médicale plus rapide, moins onéreuse et plus simple à administrer. Offrir des soins de qualité à une personne malade en fin de vie devrait certainement être la seule façon de l’aider à mourir dans la dignité. Ce choix médical témoignerait à une personne souffrante qu’elle a autant de valeur qu’une autre qui contribue à la prospérité de son pays. On refuse de donner la mort à une personne bien portante qui a commis des crimes sordides, mais on s’empresse à terminer les jours de quelqu’un qui ne désire qu’à être considéré comme un être humain et qu’on en prenne soin dans sa faiblesse, malgré son inaptitude à servir la société.
Des témoignages
Mourir dans la dignité signifie donner l’occasion aux malades aux prises avec la souffrance de savoir qu’ils ont de la valeur, ce que l’aide médicale à mourir court-circuite. Parfois, réduire les jours d’une personne peut la priver d’une expérience inoubliable. J’ai été touché par le témoignage d’une jeune adulte qui a raconté que, dans les derniers jours de la vie de son père, elle a pu lui parler de sujets dont elle n’aurait pu lui parler si les jours de celui-ci avaient été écourtés.
Pour ma part, c’est moins de 48 heures avant le départ de ma mère, qui souffrait d’Alzheimer, que j’ai pu vivre un moment unique. Je lui parlais du fond de mon cœur et je ne savais pas si elle était en mesure de comprendre ce que je lui disais. Je lui ai tenu la main et je lui ai demandé alors de simplement répondre par un son. À l’instant où j’ai eu fini ma phrase, ma mère s’est mise à râler. Elle m’a fait signe que tout était réglé et qu’elle pouvait partir en paix rejoindre son Créateur.
De moins en moins de soins palliatifs
En outre, la pénurie de médecins en soins palliatifs n’inquiète pas uniquement des citoyens en faveur de soins de qualité en fin de vie. Cette triste réalité préoccupe tellement le Collège des médecins du Québec (CMQ) qu’il avoue avec assurance que cette réalité aurait incité certains patients à opter pour l’aide médicale à mourir. Cet ordre professionnel affirme également que les finissants en médecine sont davantage influencés à choisir le travail en clinique que d’offrir des soins palliatifs de qualité. La raison? Pour répondre à une commande politique : permettre plutôt une plus grande accessibilité à un médecin de famille…
Pourtant, l’article 1 de la loi concernant les soins de fin de vie stipule qu’elle « […] précise les droits de ces personnes de même que l’organisation et l’encadrement des soins de fin de vie de façon à ce que toute personne ait accès, tout au long du continuum de soins, à des soins de qualité adaptés à ses besoins, notamment pour prévenir et apaiser ses souffrances. »
Ainsi, pendant que des gens souffrent, au lieu de trouver des moyens d’améliorer l’accès à ces services, on débat sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir. Un soulagement en fin de vie plus simple, moins coûteux et plus rapide, mais somme toute, moins humain…
Éric Lanthier, chroniqueur politique et social
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