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Cet article a été publié initialement sur la plateforme francophone du Prince Arthur Herald
Le modèle scolaire proposé par la Société de développement Angus (SDA) est définitivement un pas dans la bonne direction. Si on s’y oppose, ce sera parce qu’il risque de déclasser la structure actuelle qui date du siècle dernier.
Le journal Le Devoir nous informait récemment que le promoteur de la SDA met de l’avant un projet d’école autonome. Cette école serait détachée de l’autorité administrative d’une commission scolaire, disposerait de son propre compte de banque et de son propre conseil d’administration. De plus, la SDA embaucherait la direction et le personnel qui lui conviendraient.
Camil Bouchard, conseiller politique du chef péquiste en matière de famille et de petite enfance a contribué à l’élaboration de ce nouveau modèle d’école hors-norme proposé par la SDA. Inspirée de l’idée d’écoles autonomes proposée par l’Action démocratique du Québec, la SDA suggère un modèle qui sort des sentiers battus.
Ce que nous apprenait la société d’État, c’est que cette école serait ouverte sept jours sur sept, douze mois par année, permettant ainsi à la communauté de s’impliquer activement au développement des élèves et du milieu. Cette initiative serait un pas dans la bonne direction. Selon Deblois et Corriveau, une école ouverte, accueillante et accessible en tout temps est une des conditions favorables à la poursuite des études.
Contre la vertu?
Personne ne peut être contre la vertu. Donner plus de pouvoir à la direction des établissements scolaires et réduire la bureaucratie aideraient définitivement une telle école à répondre à sa mission première : former une relève. Plus les différentes ressources sont consacrées aux services directs à l’élève, plus une école a les moyens de remplir sa mission. Sans contredit, le Québec a besoin de ce modèle d’école.
Des opposants
Ceux qui s’opposent à ce nouveau concept viennent principalement de la direction de la Commission scolaire de Montréal et de la Centrale syndicale du Québec. Leur opposition se fonde sur leur crainte que ce modèle prolifère et se reproduise trop. Si c’était le cas, cette multiplication ferait une belle démonstration que leur institution obsolète n’aurait plus sa raison d’être dans le Québec du 21e siècle. Ils observent certainement ce qui se passe en Alberta et craignent que l’intérêt croisse avec l’usage.
Une lacune
Pour ma part, je privilégie un système scolaire d’écoles à vitesses variables, une pour les élèves réguliers, une pour les élèves doués et une pour les élèves qui éprouvent des difficultés d’apprentissage diverses. Or, le projet d’école proposé par la SDA évite de discriminer les élèves en fonction de leur capacité d’apprentissage et vise plutôt à intégrer tous les élèves. À mon avis, c’est la seule lacune. Néanmoins, si l’école était dirigée par une équipe de direction en alerte par rapport aux différences d’apprentissage, il serait possible, par le biais des économies d’échelle, d’obtenir des ressources qui pallieraient les besoins plus grands de certains élèves en difficulté.
Le ministère de l’Éducation
Le ministre de l’Éducation a intérêt à donner son aval à ce projet. En disant oui, il couperait l’herbe sous le pied du Parti québécois. Ses membres ne pourraient pas revendiquer qu’ils sont les seuls à promouvoir ce concept. Par ailleurs, en ouvrant la porte à ce projet, le Parti libéral serait vu comme le parti qui l’aurait initié. Aussi, advenant le cas que ce projet échouerait, il pourrait quand même s’enorgueillir d’avoir eu le courage de mettre à l’épreuve une idée innovatrice. Il se féliciterait de ne pas avoir pris le risque d’étendre ce modèle à la grandeur du Québec. Il pourrait alors faire circuler l’idée qu’il est un parti responsable, qui vise le bien-être de la relève québécoise.
Un beau risque
Quoi qu’il en soit, si les Libéraux veulent se donner du capital politique en matière d’éducation, ils doivent donner leur Amen à ce projet. Sinon, le Parti québécois pourrait s’approprier sa paternité et accuser les Libéraux d’avoir manqué une occasion en or.
Selon moi, si le projet d’école autonome conçu par la SDA est piloté par une équipe de direction dynamique et avisée, il comporte peu de risques. En toute franchise, Monsieur le Ministre, il est question ici d’un beau risque! Il est temps d’ouvrir la porte à des modèles adaptés aux réalités du 21e siècle.