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En plus de miser sur l’interculturalisme, les jeunes caquistes proposent à leur formation de remettre à neuf le cours d’Éthique et culture québécoise (ECR) en intégrant, notamment, l’éducation à la sexualité, le consentement sexuel, le harcèlement, l’éducation juridique et la citoyenneté numérique. Ces jeunes vont jusqu’à demander que cet éventuel cours ECR pousse les élèves à réfléchir sur des question éthiques et philosophiques. Enfin, ils souhaitent aussi que ce cours puisse mettre en relief les valeurs québécoises. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle?

La source du problème

Le problème, c’est que cette jeunesse caquiste désire que cette nouvelle mouture du cours d’ECR soit élaborée à partir d’une vision interculturaliste. Selon la députée indépendante de Marie-Victorin, l’interculturalisme vise la reconnaissance d’une culture majoritaire au Québec de plus en plus enrichie des apports des nouveaux arrivants. De son côté, Antoine Dionne-Charest stipule que ce concept repose « […] sur la reconnaissance de la majorité francophone et des minorités, l’échange entre les communautés et le respect des droits et libertés fondamentaux ». Selon lui, il est « […] axé sur l’intégration sociale et économique des immigrants en français […], les échanges interculturels et la lutte contre les discriminations ».

Des atomes crochus

Ce concept semble vertueux parce que l’État devient le promoteur de la culture commune qui a intégré en son sein la diversité culturelle. En d’autres mots, l’État devient le catalyseur d’une pensée unique qu’on finit par imposer à toute la population.

En quoi cette vision du monde est si différente de ce que veut nous imposer le Mouvement laïc québécois (MLQ)? Le MLQ affirme noir sur blanc qu’il a « […] toujours prôné la liberté d’opinion et de croyance qui, toutefois, doit s’exercer dans les limites des lois civiles […] ». En d’autres mots, la culture de débat, recherchée tant chez les interculturalistes que chez les adeptes du MLQ, ne devra pas se faire en fonction de ses convictions personnelles mais en fonction du consensus social, qui est, à son tour, récupéré par l’Etat.

Un exemple concret

Advenant le cas qu’on laïcise entièrement le système scolaire et qu’on ne permette plus aux enseignants de souligner la fête de Noël en classe, sous prétexte qu’on ne veut pas vexer les non-chrétiens. Les interculturalistes et les laïcistes non identitaires[1] auront pour prétexte qu’il est important d’être soucieux de la conscience des croyants de foi athéiste et des familles qui adhèrent à d’autres courants religieux. Toutefois, si une école met en valeur la fête de l’Halloween et que des parents s’y opposent par motif de conscience au sujet des éléments morbides associés à cette fête, les interculturalistes et les laïcistes non identitaires diront que la célébration de cette fête repose sur un consensus social. Ainsi, on ne pourra pas s’y opposer en revendiquant le patrimoine, la culture et l’histoire qui nous identifient, et ce, à cause des liens avec la foi théiste, et même si elle offense des citoyens, la célébration se fera parce qu’on aura obtenu un consensus.

La défense des valeurs occidentales

Même si dans leur vocabulaire, la relève caquiste affirme vouloir préconiser les valeurs québécoises, elle veut, en fait, promouvoir des valeurs occidentales. Jamais cette relève n’a parlé de revendiquer l’identité culturelle des Québécois, les expressions québécoises, le patrimoine québécois, les chants traditionnels québécois, les héros de l’histoire du Québec ou les célébrations qui marquent notre calendrier. Non, ces jeunes revendiquent des valeurs qu’on retrouve partout en Occident, que ce soit à Toronto, à New York, à Vancouver, à Berlin, à Bruxelles, à Lausanne ou à Paris.

Une critique de leur pensée critique

En fait, en passant par l’endoctrinement qui se ferait par le biais du cours ECR, les jeunes caquistes veulent pousser la jeunesse québécoise à se lever contre son propre patrimoine. Si, véritablement, c’était la pensée unique qu’ils remettent en question, pourquoi cherchent-ils, paradoxalement, à établir des normes communes incontournables?

Pourtant, ce qui ne peut être nié ni remis en question, c’est bien notre histoire, puisqu’elle a été vécue. Si chaque élève a le droit de remettre en question certaines valeurs occidentales, alors, on parle véritablement d’une culture de débat. Or, si ce n’est pas le cas, on parle alors d’une imposition systématique de la pensée unique.

Permettra-t-on, par exemple, à des jeunes de s’opposer aux interruptions de grossesse sexo-sélectives ou aux avortements tardifs que l’État québécois subventionne? Seront-ils marginalisés parce qu’ils n’adhèrent pas à la pensée unique? Pourra-t-on remettre en question les valeurs occidentales qui nous dérangent? Sera-t-on obligé d’y adhérer contre notre conscience?

De faux débats

Si nous ne nous opposons pas à l’instauration de la pensée unique, les véritables débats n’auront jamais lieu. Que des groupes se rassemblent autour d’une pensée commune, c’est louable, car ils manifestent la mise en valeur de la liberté de conscience, de croyance et de rassemblement. Quand, au contraire, l’État impose l’adhésion à une culture commune distancée de notre patrimoine, de notre histoire, de nos célébrations et de notre folklore, nous risquons fort d’y perdre nos libertés individuelles. Est-ce vraiment ce que nous voulons? C’est du moins ce que la relève caquiste veut…

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[1] Les laïcistes non identitaires sont ceux qui croient en une société laïque, mais qui se dissocient du patrimoine québécois et le nient comme partie intégrante de l’identité québécoise.

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