Les protecteurs de la bienséance contemporaine nuisent à la liberté d’expression

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Source image: https://pixabay.com/en/exchange-of-ideas-gear-gears-debate-222790/

Par Éric Lanthier

Cet article a été initialement publier sur la plate-forme du Prince Arthur Herald

Au Québec on réclame le droit de pouvoir rire de tout mais, dès qu’on aborde les sujets interdits, on est mis à l’index par la clique des protecteurs de la bienséance contemporaine; cette clique se donne le mandat d’autoriser ce qui est acceptable et de répudier ce qui ne l’est pas.

Au Québec, il est plus aisé de rire d’un handicapé, d’un croyant de foi théiste que de parler de sujets tabous.  En milieu scolaire, parler de masturbation à un enfant du primaire, ça passe assez bien pour les protecteurs de la bienséance contemporaine.  Par contre, discuter de la valeur de la virginité est devenu, pour eux, un sujet grossier.  Il y a de ces sujets que la clique des protecteurs de la bienséance contemporaine nous interdit de parler sur la place publique.

 

Tout le monde en parle

Tout le monde en parle (TLMEP) est une émission de propagande qui plait énormément, entre autres, aux protecteurs de la bienséance contemporaine.  Ce qui est passablement intéressant c’est que cette émission est animée par deux humoristes.  Cela en dit long sur le sérieux qu’on doit accorder au contenu de TLMEP.  Or, le drame dans tout ça, c’est qu’un bon nombre de téléspectateurs qui visionnent assidûment cette émission prennent drôlement au sérieux ce qui se dit sur ce plateau.  Pour eux, il n’y a pas de nuances à apporter, c’est une forme de prêt-à-penser qui résume ce que tout le monde devrait croire.  À ceci j’aimerais néanmoins ajouter un bémol.  Je ne suis pas en train de dire qu’il n’y ait rien de sensé qui se dit à cette émission et que tous les auditeurs de TLMEP font partie de cette clique de protecteurs de la bienséance contemporaine.  Loin de là!  Ce que je dis c’est que cette émission a pour but d’approuver ce qui intéresse cette clique d’auto-proclamés.  Advenant qu’un invité ose déroger du code de déontologie de cette clique, on sentira très rapidement que son opinion n’a pas sa place.  Cela est vrai, à un point tel, qu’un bon nombre de gens pourraient se sentir mal à l’aise, dans un 5 à 7, de contredire la pensée de cette clique.

 

Des instruments de censure

Tout le monde en parle est devenu un instrument de censure.  Dès qu’une personnalité publique s’oppose à se présenter sur le plateau de TLMEP, on s’indigne, on crie à la désobéissance civile.  Or, TLMEP n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.  Plusieurs des médias traditionnels préfèrent diffuser de l’information qui demeure dans la mire des protecteurs de la bienséance contemporaine.  Rare sont les médias qui vont donner le micro à ceux qui osent pleinement user de leur liberté d’expression, spécialement lorsque ça va à l’encontre de la pensée de cette clique.  À vrai dire, la majorité des médias traditionnels deviennent des instruments de censure.  Le problème c’est que la population commence à en avoir ras-le-bol de ce contrôle médiatique qui interdit aux citoyens de bonne foi d’exprimer tout haut un discours qui déroge de celui de la clique.

 

Sujets interdits

Au Québec, l’ouverture aux idées divergentes se limite à ce qui fait partie du consensus adopté par les protecteurs de la bienséance contemporaine.  C’est pourquoi, il ne sera jamais question d’une loi qui encadre les IVG pour empêcher que ça devienne un moyen de sélection.  Par ailleurs, il est impensable de permettre à des individus de venir discuter avec les élèves du secondaire de la valeur de la virginité.  Bien sûr que non, c’est un sujet mis à l’index.  De plus, cette clique ne veut pas que l’on débatte de l’expression de la foi théiste dans l’espace publique.  Pour eux, le sujet est clos.  Sur le plan économique, il n’est pas question de discuter des bienfaits d’un taux d’imposition uniforme (flat tax) dans les médias traditionnels; certes non, les protecteurs de la bienséance contemporaine risqueraient de s’indigner.  En fait, ils ne permettent pas qu’on les confronte sur de tels sujets, car selon eux, la liberté d’expression ne devrait jamais aller aussi loin.  Pourtant, la bienséance prônée par cette clique met en valeur le droit au blasphème, le droit d’être «Charlie» et le droit de ridiculiser tout ce qui bouge, sauf si ça concerne leur vision du monde.  C’est pourquoi ils sont devenus les protecteurs de leur vision contemporaine de la bienséance mais ils sont incapables d’autodérision.  Pour cette clique, il est impensable de remettre en question certains comportements de la communauté LGBT.  Si on osait invoquer respectueusement le sujet, on se ferait dire que la liberté d’expression à ses limites et que celles-ci sont imposées par le consensus qu’ils ont établi.  On fait donc face à des débats incestueux qui finissent par enfanter des propos aseptisés : la langue de bois et le politiquement acceptable.  Bref, la réflexion n’évolue pas.  Au contraire, elle nous handicape; au mieux, elle fait du surplace et ce, jusqu’au jour où la population manifestera son ras-le-bol, comme ce fut le cas aux États-Unis.

 

Le ras-le-bol aura ses limites

À tort ou à raison l’ascension de Donald Trump est une forme de protestation à l’égard des protecteurs de la bienséance contemporaine.  Un bon nombre d’Américains en avait marre de se faire mener par une élite qui prétend savoir ce qui est bienséant pour le bon peuple docile.  Plusieurs Américains voyaient en Donald Trump un homme qui parle comme leur beau-frère ou comme leur «monnoncle», un homme qui est prêt à défier l’ordre établi pour régler les problèmes qui alourdissent leur vie. Évidemment, au Québec, notre vécu et nos défis ne sont pas les mêmes qu’aux États-Unis.  Cependant, je ne serais pas surpris de voir les Québécois se lever pour réclamer de vrais débats, voire de saines délibérations qui enrichiront l’ensemble de la société.  Ainsi, la société civile accorderait aux protecteurs de la bienséance contemporaine leur juste place et non toute la place.

 

Lieux de débats

Si on laissait la population s’exprimer «pour de vrai» et qu’on donnait à chacun une véritable égalité des chances, on s’affranchirait rapidement du joug de cette clique.  Malheureusement, les médias traditionnels favorisent très peu ce genre d’échange.  Heureusement, les médias sociaux et les plateformes alternatives comblent ce besoin de discuter, d’échanger, de débattre et de remettre en question les sujets qui préoccupent les individus de tout genre provenant d’horizons différents.  C’est pourquoi, la fragmentation médiatique s’avère une bonne chose pour la démocratie.  Le seul moyen de redonner du gallon aux médias traditionnels est de susciter de vrais débats hétérogènes qui feront véritablement réfléchir la population.  C’est dans cet état d’esprit que les citoyens pourront opter pour ce qu’ils considèrent juste et bon.  N’en déplaise aux protecteurs de la bienséance contemporaine, on appelle ça : la liberté d’expression.

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