Voter pour le pouvoir ou lancer un signal au prochain gouvernement

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Source photo: Vicky et Adobe

Cet article a été initialement publié sur les pages francophones du Prince Arthur

Peu de Québécois osent voter pour un tiers parti parce qu’ils ne voteraient pas en fonction de leurs convictions mais contre l’usure du pouvoir.

L’usure du pouvoir rime souvent avec changement de garde. Après une quinzaine d’années non consécutives de pouvoir libéral, la population souhaitait, jusqu’à tout récemment, un vent de fraîcheur. La Coalition avenir Québec (CAQ) semblait promettre un futur meilleur. Par contre, le Parti québécois (PQ) n’est peut-être pas le premier choix qui empêcherait le PLQ de reprendre le pouvoir.

Une campagne de liste d’épicerie

N’ayant plus de projets de société à offrir à l’électorat, les grands partis tentent de le séduire par des spéciaux à la carte, comme ouvrir 25 supercliniques supplémentaires, offrir la maternelle quatre ans à tous les enfants, implanter un service de repas sains dans les écoles primaires à faible coût afin de « libérer » les parents des lunchs, assurer la gratuité scolaire des centres de la petite enfance jusqu’au doctorat, et j’en passe.

Un vote stratégique

À cette élection, la grande question ne concerne pas l’immigration mais plutôt le remplacement des libéraux ou non. La tentation est de voter contre un parti plutôt que pour un programme. Ce principe est d’autant plus vrai pour la CAQ. Plusieurs vont voter pour ce parti plutôt que pour les conservateurs parce qu’ils se rendent compte que le PCQ n’est pas prêt à prendre le pouvoir à court terme. Les adeptes de l’environnement vont dans le même sens, ils préfèrent voter pour QS plutôt que pour les Verts parce qu’ils savent que le parti des « co-porte-parole » a déjà une longueur d’avance sur le parti qui incarne mieux leur idéal.

Restreindre l’impact démocratique

S’ils votent contre l’usure du pouvoir, les Québécois feront fi de leurs opinions, de leurs principes et de leurs perspectives politiques, alors qu’ils ne le devraient pas. En effet, en votant stratégique, les Québécois ne réalisent pas qu’ils nuisent à la démocratie. L’histoire nous prouve que les tiers partis sont ceux qui alimentent les idées des partis traditionnels. Prenons par exemple la défunte Action démocratique du Québec (ADQ). Ce parti, porté à bout de bras par Mario Dumont, proposait, dans les années 90, un programme audacieux : brancher les familles. Il rêvait de réduire la fracture numérique québécoise. En fait, il voulait que toutes les familles du Québec puissent avoir facilement accès à la toile.

Un peu plus de deux ans plus tard, Lucien Bouchard a repris son idée et a offert ce programme aux familles bénéficiaires de l’allocation familiale. Cet exemple nous montre que les bonnes idées des tiers partis finissent par être récupérées par le parti au pouvoir parce qu’une bonne idée passe toujours bien.

Voter pour un tiers

N’ayant rien à perdre, les tiers partis proposent des idées audacieuses qui finissent dans l’agenda des partis susceptibles de prendre le pouvoir. Plus les Québécois voteront pour des tiers partis, plus ils lanceront un signal clair au prochain gouvernement. Les chiffres lui diront qu’une partie de plus en plus grande de la population préfère le programme d’un tiers parti à le leur. Par ailleurs, chaque fois qu’un électeur vote pour un tiers parti, ce dernier reçoit un montant d’argent qui lui permet de survivre et de faire la promotion d’idées qui rejoignent un nombre croissant d’électeurs.

En outre, les élections qui ont eu lieu récemment au Nouveau-Brunswick nous confirment que les tiers partis ont provoqué, tel qu’il avait été prédit, d’intéressants réalignements de la part du parti au pouvoir. On constate alors que, dans ce coin de pays, les tiers partis ont joué un rôle décisif dans les résultats.

Votez du côté du cœur

Si votre cœur est à gauche, vous n’êtes pas obligé de voter pour Québec solidaire ou pour le PQ, vous avez le droit de voter pour les Verts. Si vous cœur est régi par le côté droit de votre cerveau, il est tout à fait légitime de voter pour les conservateurs au lieu de la CAQ. Il est temps d’aborder l’urne en prenant un plus grand recul. Ne votons pas pour le pouvoir, votons pour le programme qui rejoint nos idées et nos valeurs.

Ne pas voter pour le pouvoir

Si c’est le programme d’un des quatre grands partis qui vous rejoint, soit. Par contre, si vous votez pour empêcher un parti de prendre le pouvoir, à mon avis, vous envoyez un mauvais signal au nouveau gouvernement. Il croira que vous l’avez choisi pour ses idées. Ne soyez pas surpris qu’il vous déçoive en cours de route. Par contre, si un plus grand nombre de Québécois optent pour un tiers parti, le prochain gouvernement sera plus attentif à l’électorat. Comme m’avait dit une ministre poids lourd du gouvernement Charest : « […] notre paye, ce sont les votes. Sans votes, nous ne sommes pas élus et nous ne pouvons pas exercer la profession qui nous tient à cœur. »

Je vous encourage donc à voter avec votre cœur, avec vos tripes, en fonction de vos principes fondamentaux et non pour empêcher un parti de prendre le pouvoir parce que, de toute façon, le prochain gouvernement sera formé de politiciens…

 

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