Le problème avec le projet de souveraineté, c’est que personne n’est capable de nous dire en quoi ce nouveau pays serait meilleur que le Canada?
Se lancer vers l’indépendance du Québec n’est pas un acte de foi, c’est un saut dans le vide. On nous dit : « Sautez ici et vous verrez une fois en bas à quoi ressemble ce nouveau pays. » Il n’est donc pas surprenant que de moins en moins de citoyens veulent de ce Québec. Lorsque je choisis une destination voyage, c’est parce qu’on me l’a décrite suffisamment bien concernant le paysage, le service hôtelier, la qualité du personnel, etc. et qu’elle correspondait à ma vision de vacances. J’ai le goût d’y aller parce qu’on m’a donné un avant-goût de l’endroit. C’est pour ces raisons que j’achète le forfait et que je compte les dodos. Je suis dans l’expectative de ce temps de repos parce que des images à son sujet remplissent ma tête. Je me visualise là-bas, les deux pieds dans le sable sous un palapa. J’imagine le vent chaud qui caresse mes joues pendant que je regarde et entends le va-et-vient des vagues. Rien qu’à y penser, une paix intérieure s’installe déjà en moi.
Quel genre de pays?
Quand je veux investir dans un projet, c’est parce qu’il m’a interpellé. C’est d’autant plus vrai pour l’édification d’un pays. On bâtit un pays pour se donner un avenir meilleur. Lorsque les premiers huguenots sont venus en Nouvelle-France pour s’y établir, c’était pour vivre leur foi en paix. Ils fuyaient la persécution que leur infligeait Louis XV. Ils rêvaient d’un monde meilleur.
Maintenant, au Québec depuis plus de 50 ans, on nous rebat les oreilles de la nécessité de se réinventer un pays, mais on ne nous donne aucune image de ce qu’il aura l’air. Le projet d’indépendance du Québec ne fait rêver qu’une faible minorité de Québécois parce qu’il est vaporeux, sans forme ni couleurs distinctes, sans vision, sans attirance, il n’est, en fait, qu’une page blanche.
Vendre une maison sans photos
Le projet de souveraineté du Québec ressemble à une publicité qui nous dirait : « Maison à vendre, 350 000 $. » Intéressé par l’annonce, j’appelle pour avoir plus de détails. Le vendeur me dit : « Désolé, il faut acheter la maison avant de la visiter. » Combien d’acheteurs se mettront en ligne pour devenir le propriétaire d’une telle demeure? Très peu oseront, n’est-ce pas? C’est exactement ce qui est en train de se produire pour le projet d’indépendance du Québec.
Une redondance
Là où le PQ a failli, c’est dans son incapacité à nous proposer une vision d’un pays, à nous expliquer ce à quoi ce pays ressemblerait? En effet, leur concept de souveraineté n’est attaché à aucune vision, sinon d’être un pays canadien français indépendant. Puisque ce rêve n’est rien d’autre, la majorité des Québécois se disent que c’est mieux d’être interdépendants avec le reste du Canada que d’être indépendants. Finalement, on ne perd rien.
Pour être prêt à perdre, à se battre, à se dépasser, l’être humain a besoin de voir quelque chose de plus grand, de plus beau, un projet attirant, une image qui génère de l’espoir. Être indépendant pour être indépendant, c’est redondant. Tant qu’à être redondants, les Québécois préfèrent le statu quo.
Le départ de Catherine Fournier
Pas surprenant que Catherine Fournier quitte le navire péquiste. Elle veut provoquer la réflexion et trouver des moyens pour nous faire rêver à un pays tout neuf. Si tel est son désir, les Québécois ont besoin de plus qu’une page blanche. Ils veulent savoir où ce projet va les mener. À défaut de quoi, ce sont des aveugles qui conduiront un peuple aveugle. Amis souverainistes, vous voulez une majorité, faites-nous rêver avec un projet réaliste et concret qui amènera l’ensemble des Québécois à vivre sereinement et souverainement.