La création d’une commission spéciale sur la prostitution juvénile est essentielle pour réduire l’élan de ce fléau grandissant.
Depuis l’annonce de la Coalition Avenir Québec sur cette question, on apprend que l’exploitation des jeunes filles continue de faire son chemin au Québec. La semaine dernière, on nous informait que cinq individus qui tentaient d’obtenir des services sexuels de la part de mineures ont été arrêtés. Cette semaine, on apprenait que la prostitution est en forte demande dans la région de Québec. Il est grandement temps que les autorités civiles se penchent sur la question pour libérer le plus grand nombre possible de victimes prises entre les mains du crime organisé.
Un fléau alarmant
Depuis toujours, les communautés ont dû apprendre à composer avec le plus vieux métier du monde. Ce n’est pas au 21e siècle qu’on règlera la question à tout jamais. Cependant, plus qu’auparavant, nous devons saisir l’ampleur du phénomène qui sévit aujourd’hui. Selon Lise Lavallée, la whip adjointe du gouvernement de la Coalition Avenir Québec, les filles sont recrutées dès l’âge de 12 ans. De son côté, l’adjoint parlementaire du ministre de la sécurité publique, Ian Lafrenière, affirme que près de la moitié des victimes du proxénétisme sont d’âge mineur. Nous faisons face à une plaie extrêmement alarmante puisque 80 % des adultes prostituées ont d’abord été prostituées alors qu’elles étaient mineures. Par ailleurs, Radio-Canada nous apprenait que le taux de mortalité des prostituées est de 40 fois supérieur à la moyenne nationale.
Un plan de prévention
Cette commission spéciale mettra sur pied une consultation publique en vue d’élaborer un plan de prévention qui tentera d’éviter que les jeunes filles tombent dans ce piège. Cette commission arrive à un moment où les forces de l’ordre n’ont jamais autant exercé de répression depuis quatre ans auprès des adultes qui exploitent les enfants et les jeunes en matière de leurres, de pornographie juvénile, de proxénétisme et même de traite de personnes. En fait, la traite de personnes pour des fins d’exploitation sexuelle peut être facilement considérée, à toute fin pratique, comme une forme d’esclavagisme contemporain (Doran, Jenkins, & Mahoney, 2014). Il est temps de trouver des moyens qui réduiront la chasse sauvage des réseaux qui ne cherchent qu’à s’enrichir sur le dos de leurs proies.
La pointe de l’iceberg
La prostitution n’est que la pointe de l’iceberg parce qu’elle est souvent accompagnée de problèmes de santé mentale, de dépendance, d’abus, de négligence, d’isolement et d’instabilité. N’arrivant pas à combler certains de leurs besoins essentiels, certaines jeunes filles choisissent de louer leur corps comme le moyen de répondre à des besoins fondamentaux de survie, de protection, de valorisation, d’appartenance, voire même d’amour. Sortir les victimes de ces réseaux d’exploitation n’est que la première étape. Une fois libérées de cet esclavage, elles ont un énorme besoin de soins et de ressources.
La mauvaise porte de sortie
Ces filles sont les enfants d’un père et d’une mère, la sœur d’un frère ou une amie perdue. Pourtant, selon Marie-Pierre Lelièvre de l’Université d’Ottawa, 12 % d’entre elles sont exploitées par un membre de leur famille, 57 % sont exploitées par un proxénète ou un trafiquant et un peu moins d’un tiers décident d’elles-mêmes de louer leur corps aux fins de services sexuels (Sprang & Cole, 2018; Mitchell, Finkelhor & Wolak, 2010). Ne nous étonnons pas que pour un certain nombre d’entre elles, la prostitution devient un moyen de contester, d’obtenir du pouvoir, ou de fuir des conflits familiaux ou des problèmes affectifs.
Il n’est pas étonnant non plus que ceux qui les exploitent leur font miroiter qu’elles vont devenir des vedettes, qu’elles vont pouvoir se payer ce qu’elles veulent. Sachant très bien qu’elles sont vulnérables, ils réussissent à les séduire par des artifices, des flatteries et des promesses qui surgissent de la pensée magique.
Viser la prévention et la diminution de ce trafic
De manière à réduire le nombre de victimes qui se font prendre au piège, il s’avère primordial de réunir autour d’une même table, à la fois les experts qui se sont penchés sur la question et les ressources sur le terrain qui sont préoccupées par le sort de ces jeunes filles. Cette initiative de commission contribuera certainement à affaiblir et même à éliminer cette tentation chez certaines candidates. Répondre à leurs besoins par la voie de la prostitution ne contribue qu’à briser en mille miettes leur beau rêve d’enfant et à tuer trop tôt leur naïveté…