Se distançant du discours des protecteurs de la bienséance contemporaine, le Vatican défend, en tout respect pour ses opposants, sa position à l’égard de la théorie du genre enseignée dans nos écoles.

La Congrégation pour l’éducation catholique (CEC) a publié récemment un document, intitulé Il les créa homme et femme, qui visait à éclairer toute institution d’enseignement sur la théorie du genre. Par cette initiative, l’église romaine ouvre le dialogue sur la question du genre en éducation, qu’elle veut basé sur l’écoute et le raisonnement. Elle affiche, dira-t-on, clairement ses couleurs, mais du même coup, elle pousse la réflexion plus loin et propose des pistes éclairantes.

Le grand prix
Il va sans dire que le prix est grand à payer lorsqu’un discours dévie du consensus social qui nous est imposé en Occident. Les protecteurs de la bienséance contemporaine veillent à ce que leurs opposants soient limités à un espace restreint le plus possible dans les médias traditionnels. Le débat sur la théorie du genre n’y échappe pas. S’y opposer, même du bout des lèvres, risque de causer bien des soucis à celui ou celle qui remet en question l’imposition de cette idéologie. Dietrich Bonhoeffer mentionne qu’ériger comme principe social que le bonheur de la société a préséance sur le droit naturel de l’individu équivaudrait à une proclamation de l’eudémonisme, soit la recherche du bonheur. Ainsi, contester l’imposition de la pensée unique devient une confrontation contre le soi-disant bonheur collectif imposé par les protecteurs de la bienséance contemporaine.

Trans et queer
Le Vatican définit essentiellement la théorie du genre comme une idéologie qui nie la différence et la réciprocité naturelle entre un homme et une femme et qui laisse entendre que nous sommes appelés à vivre en société sans différence de sexe.
Une personne trans est celle qui opte subjectivement pour un genre qui ne correspond pas à son identité biologique, tandis qu’une personne queer est celle qui s’accorde une fluidité dans son identité sexuelle : « […] c’est-à-dire dans une dimension fluide, flexible, nomade, jusqu’à soutenir l’émancipation complète de l’individu de toute définition sexuelle donnée a priori, entraînant la disparition de classifications considérées comme rigides. »

Une déconstruction
Dans les deux cas, la Congrégation pour l’éducation catholique affirme qu’une telle conception de l’identité sexuelle cherche à anéantir la nature. La CEC confirme l’affirmation de l’auteur du livre Éthique, qui croit que ce qui est naturel se définit selon sa forme et son contenu. Aller à l’encontre de notre identité naturelle est une contestation de sa morphologie et de son « ADN ».

L’Église romaine dénonce l’idée que les différences entre les hommes et les femmes ne soient que le fruit d’un conditionnement historico-culturel. Les adeptes de la théorie du genre s’appuient sur cette notion et sapent ainsi les fondements anthropologiques de la famille.

Les fondements de cette idée
La théorie du genre est issue des concepts propres au postmodernisme : fluidité et liquidité. En résumé, cette idéologie est fondée sur le ressenti, le désir momentané qui émerge de la pulsion émotive et sur la volonté individuelle, plutôt que sur la vérité de l’être. Elle nie la tentative de compréhension des univers constitutifs homme-femme, ce qui conduit à une ambiguïté masculine et féminine. On entend donc nier, et même dépasser, la différence sexuelle pour confondre les deux sexes dans une neutralité interchangeable.

Une vision individualiste et variable
La CEC résume bien l’esprit de ce concept : « L’identité humaine est soumise à une option individualiste, variable dans le temps, expression de la façon de penser et d’agir, très répandue aujourd’hui, qui confond « la liberté authentique avec l’idée selon laquelle chacun juge comme bon lui semble, comme si, au-delà des individus, il n’y avait pas de vérité, de valeurs ni de principes qui nous orientent, comme si tout était égal, et que n’importe quoi devait être permis »… »

L’impact sur la famille
Si l’on déconstruit l’identité sexuelle, on supprime inévitablement le rôle du père et celui de la mère. La théorie du genre efface ainsi les repères anthropologiques dont l’enfant a besoin pour se définir. De surcroît, le déclin de la culture du mariage est associé à un accroissement de la pauvreté, qui affecte trop souvent les femmes, les enfants et les personnes âgées.

Amour, respect et réponse
Ce que j’apprécie dans ce document de la CEC à caractère pédagogique, c’est que non seulement la base théorique est bien expliquée, mais l’on prend le soin d’encourager les éducateurs à faire preuve d’écoute, d’attention et d’amour, et à ne pas sombrer dans le jugement. On parle même d’attention réciproque, de tendresse respectueuse et d’une communication riche de sens.

En somme, selon la CEC, la proposition pédagogique chrétienne se doit d’être une réponse respectueuse et solide aux théories anthropologiques du provisoire et de la fragmentation. Je crois que, dans une société où l’instantané est valorisé, il importe d’avoir un regard objectif sur ces théories qui placent le ressenti, la subjectivité et l’expérience au-dessus des principes immuables et permanents qui régissent la nature.