Mal de bloc à la tête du parti de Martine Ouellet

0
601

Source image: Pixabay

Eric Lanthier

Cet article a été publié initialement sur les pages de la plateforme francophone du Prince Arthur Herald

Si les membres du Bloc québécois n’arrivent pas à se rallier derrière une chef qui veut faire du Québec un pays, c’est parce que le mouvement souverainiste n’est pas convaincu que l’indépendance soit la solution pour le Québec contemporain.

 

Le corps ne suit pas la tête

La crise qui remet en question le leadership de Martine Ouellet au Bloc québécois (BQ) prend sa source ailleurs que dans le caractère autocratique de l’ex-députée péquiste. Cette tension provient davantage du fait que les ex-députés du Bloc qui ont formé le Groupe parlementaire québécois (GPQ) ne croient plus que leur parti doit mettre le cap sur l’indépendance du Québec. Le GPQ croit plutôt à la défense des intérêts de la nation québécoise.

 

Les motivations à devenir un pays

Les principales motivations des souverainistes à ce que le Québec devienne un pays reposent essentiellement sur deux piliers : la langue et les valeurs. Ces deux composantes de notre identité sont défendues par les arguments 1, 7, 8 et 9 de l’argumentaire du BQ. En fait, les députés du GPQ ont quitté le Bloc parce qu’ils se sont rendus compte que l’indépendance n’est plus une priorité pour les Québécois. Pourquoi? Parce que les cinq autres raisons qui sont promues par le Bloc pour nous convaincre de faire l’indépendance ne font que prouver que celle-ci n’est plus nécessaire.

 

Un gouvernement fédéraliste décentralisateur pourrait mettre en œuvre un programme avec les arguments 2, 3, 4, 5 et 6, et démontrer que la souveraineté du Québec n’est plus pertinente. Lorsque les Québécois éliront un gouvernement confédéral décentralisateur qui donnera plus de pouvoir aux provinces et, par le fait même, à la nation québécoise, le Québec n’aura plus besoin de mettre son énergie à sortir du Canada.

 

Un gouvernement confédéral décentralisateur

Avec un gouvernement confédéral décentralisateur, le Québec serait en mesure d’assainir ses dépenses et contribuerait à l’enrichissement de ses concitoyens. La nation québécoise serait plus autonome et gérerait sous sa gouverne un plus grand nombre de champs de compétence.

 

En d’autres mots, le Québec n’a pas besoin du Bloc pour qu’il s’enrichisse, puisque ce parti en voie d’extinction ne formera jamais le gouvernement et ce, même s’il remportait tous les comtés du Québec. Pire encore, en tirant vers la gauche, le BQ risquerait d’augmenter la dette du Québec et de reporter à beaucoup plus tard sa capacité de prospérer.

 

En fait, pour augmenter la qualité de vie des Québécois, il faut un parti qui les inspire à investir dans des projets novateurs. Nous avons besoin d’un gouvernement qui croit au développement économique. Pour y parvenir, nous n’avons pas besoin d’un parti souverainiste au fédéral et encore moins de l’indépendance du Québec. Le Bloc lui-même en fait la preuve dans son argumentaire lorsqu’il mentionne que le Québec est déjà un exemple de qualité de vie remarquable. Il n’est donc pas étonnant que le Bloc soit en train de vivre une des plus grandes crises de son histoire. Sa nécessité n’est plus réclamée.

 

Les vraies raisons

Si les bloquistes perdent eux-mêmes de l’intérêt pour l’indépendance, c’est que celle-ci n’est ni viable, ni enviable. Effectivement, on découvre aussi dans l’argumentaire du Bloc que les deux seules raisons qui justifient l’indépendance sont la primauté de la langue française et la promotion d’un état laïciste. En effet, chaque fois que le Bloc argumente en faveur des valeurs du Québec, il fait référence à sa suprématie laïque. Or, l’indépendance n’est pas requise pour revendiquer la séparation de l’Église et de l’État. Les Québécois n’ont pas besoin de réclamer la séparation du Québec pour parvenir à neutraliser certains éléments du multiculturalisme qui pourraient nuire à leur identité. Pour opérer des changements sur le plan de cette réalité sociale, nous n’avons qu’à élire un parti politique qui aura le courage de mettre en valeur notre patrimoine, notre histoire, nos symboles et les célébrations qui ont façonné le Québec depuis la venue de Jacques Cartier et de Pierre Chauvin.

 

Convaincre des agents d’influence

Pour ce qui est de notre langue, nous avons besoin d’alliés politiques qui la mettront en valeur. Citons comme exemple Pierre-Karl Péladeau. Il aurait intérêt à demander à son personnel de veiller à ce que les candidats à l’émission La Voix soient en mesure de comprendre le français et de le parler. Voici un autre exemple, Valérie Plante. Elle aussi devrait valoriser davantage le français dans la métropole et non le bilinguisme.

 

C’est à nous, Québécois, de mettre de la pression sur notre gouvernement national pour qu’il s’assure que l’affichage en français soit respecté, principalement dans la métropole.

 

Au lieu de clamer l’indépendance, nos politiciens devraient s’allier aux francophones hors-Québec pour former une force francophone nord-américaine. Cette stratégie, entre autres choses, aiderait davantage nos musiciens, nos auteurs, nos écrivains et nos cinéastes à vivre de leur art.

 

Une mauvaise lecture

Si c’est à l’indépendance qu’elle tient, Martine Ouellet aurait dû demeurer au sein du caucus du Parti québécois. Elle aurait pu mettre ses habiletés au service de la valorisation du français au Québec et en Amérique du Nord, dans un monde où cette langue prend de l’expansion.

 

En 2018, 50 ans après la fondation du Parti québécois, nous ne sommes plus à l’ère de promouvoir l’indépendance du Québec, nous sommes à l’époque où le Québec doit valoriser sa langue parce qu’elle figurera bientôt parmi les trois langues les plus parlées au monde.

 

Nous sommes à l’ère de bâtir des réseaux pour que les entreprises du Québec puissent tirer leur épingle du jeu au sein d’une francophonie en plein essor. Si le Bloc comprenait ces enjeux, il débloquerait l’espace qu’occupent leurs sièges pour laisser la place à un parti décentralisateur qui viserait la prospérité des Québécois. L’avenir est à la mise en valeur de notre patrimoine, de notre histoire, de nos symboles et de notre langue. Que notre fierté soit inspirante et que le Québec devienne un leader francophone incontournable. Il faut que ça « déBloc » et que tous les Québécois soient interpellés par autre chose que la souveraineté : devenir le moteur de la Francophonie.

 

Pour soigner le mal de Bloc

La seule manière de débloquer la crise entre le Groupe parlementaire québécois et le BQ est de mettre l’accent sur les vrais intérêts des Québécois : préserver leur patrimoine, leur histoire, leurs symboles et leur langue et réaliser que la place de ces députés est à Québec et non à Ottawa. C’est lorsque nous défendons les véritables enjeux que nous découvrons la pertinence de nos actions.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here