35 ans après la défaite du premier référendum sur la souveraineté-association, les Québécois ne sont toujours pas d’humeur à faire de leur Québec un pays.
Malgré la victoire de Pierre-Karl Péladeau à la direction du Parti Québécois (PQ), les Québécois n’ont pas l’enthousiasme qu’on retrouvait en 1980, en 1990 et en 1995. En 1980, les jeunes sortaient dans les rues pour promouvoir la souveraineté. En 1990, lorsque Robert Bourassa affirmait qu’il était temps d’assumer notre destinée[1], les Québécois croyaient que la souveraineté était à la portée de la main. Même Jacques Parizeau s’est laissé prendre au jeu à une époque où tous les rêves étaient envisageables. En 1995, pour amener le Québec aux portes de l’espoir, monsieur Parizeau s’est servi d’une vague de mécontentement liée à l’échec des accords du Lac Meech et de Charlottetown. Malgré cela, ce ne fut pas suffisant pour amener ses troupes vers la victoire.
Malgré l’échec de 1995, le taux d’intérêt pour la souveraineté demeura élevé. Effectivement, entre février 1997 et avril 1998, le OUI oscillait autour des 47 et 48% d’appui[2]. Or, ce haut taux d’intérêt n’était pas suffisant pour donner des ailes à Lucien Bouchard. Au lieu de préparer la population à redémarrer le processus référendaire, ce dernier se contenta de lancer son concept de conditions gagnantes. Selon lui, il ne pouvait y avoir de consultation sur la souveraineté s’il n’y avait pas les conditions favorables à la victoire. En avril 1998, le taux d’intérêt pour la souveraineté redescendit à 40%[3]. Lucien Bouchard n’osa pas risquer l’aventure référendaire, le taux était trop bas et la victoire n’était pas assurée.
En 2014, un sondage Crop-Radio-Canada révélait que le taux en faveur du projet souverainiste s’établissait à 39%[4]. Or, si Pierre-Karl Péladeau prenait le pouvoir aux prochaines élections et que les appuis à la souveraineté ne dépassaient pas 40%, aurait-il le même réflexe que Lucien Bouchard? Attendrait-il que les conditions gagnantes soient réunies pour déclencher la consultation ultime? Advenant qu’il risque le tout pour le tout et que les partisans du OUI perdent encore leur pari, qu’en sera-t-il de l’avenir du Québec? Une troisième défaite du OUI affaiblirait la force de négociation du Québec auprès d’Ottawa et du Conseil de la fédération.
Plus aucun premier ministre canadien ne prendrait au sérieux les revendications historiques du Québec. Après une troisième défaite référendaire, le gouvernement fédéral n’oserait même pas accorder l’Accord de Charlottetown aux Québécois. Le reste du Canada (le ROC) reviendrait toujours avec l’argument que les Québécois veulent demeurer au sein du Canada et qu’ils sont loin d’être prêts à vivre une quatrième consultation sur le sujet. Ce discours nous couperait l’herbe sous le pied. Tout espoir d’augmenter nos pouvoirs seraient réduits à néant.
Si le Québec veut vraisemblablement augmenter son autonomie au sein du Canada, il doit élire un gouvernement décentralisateur. Plus nous serons maître chez nous, au sein du Canada, plus nous serons en mesure de développer notre culture et notre savoir-faire. En élisant des gouvernements centralisateurs, non seulement nous serons loin de notre émancipation mais nous nous éloignons de notre autonomie.
Avant d’entreprendre une troisième campagne référendaire sur la souveraineté, le Québec doit mettre de l’ordre dans sa gestion et dans son rapport entre le pouvoir et la population. Pour obtenir une majorité claire au troisième référendum, le prochain gouvernement souverainiste doit mettre en place dix conditions gagnantes incontournables. Voici donc les conditions préalables à un éventuel référendum gagnant :
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